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- Les styles de Fielding dans Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, publié en 1749, s'inscrivent dans une période, la première moitié du XVIIIe siècle anglais, qui est l'âge d'or de l'ironie, avec Jonathan Swift, Alexander Pope, etc. Il n'est donc pas étonnant qu'en toutes occasions, cette manière de voir et de dire en détermine la nature et la variété. Fielding reste assez proche sur ce point de l'auteur des Voyages de Gulliver ou de Humble Proposition, quoique, comparée à Swift, son ironie soit, selon A. R. Humphrey, plus intellectuelle, plus subtilement intégrée, fruit à la fois d'une organisation profonde de l'esprit et d'un réformisme plutôt pragmatique. En effet, l'ironie de Fielding ne vise nullement à saper les fondements de la société, non plus qu'elle s'en prend à l'orthodoxie chrétienne. Humphreys écrit d'ailleurs qu'il s'agit d'une ironie verbale d'intégration, non de désintégration, toute de sous-entendus et de double-sens (double-entendre), différente en cela d'autres conceptions de l'époque. Fielding s'avère un maître incontesté du genre, car il en manie avec une subtilité souveraine chacune des facettes et des ressorts, rarement dans l'animosité, le plus souvent avec la bienveillance qu'apporte l'humour qui place critique et cible sur un plan d'égalité, ce qui implique la sympathie universelle. En effet, le style parfois sombre de (1743) ou, avec encore plus d'intensité, d'Amelia (1751), particulièrement la description, dès les premières pages, de la vie en la prison de Newgate, est quasi absent de Tom Jones, plus léger et aérien sans rien perdre de son impact critique. Bien que Claude Rawson intitule son chapitre « Le Style de Fielding » (Fielding's Style) dans The Cambridge Companion to Henry Fieding, il est plutôt convenu de se référer à « ses » styles, tant est diverse la gamme des registres sur laquelle il s'appuie. De fait, Tom Jones abrite plusieurs manières d'écrire, toute reliées à l'ironie. Ainsi, l'attention du lecteur se voit sans cesse sollicitée, ce que Robert Alter explique en parlant d'une « activité préhensile de l'esprit », nécessaire à la compréhension d'aperçus élusifs ou d'allusions voilées, propre à la saisie au vol d'une phrase soudaine et acérée. Ainsi, une complicité inédite s'instaure avec le lecteur, comme un dialogue savamment ménagé à coup de questions, de réponses induites, d'apartés ou d'apostrophes qui tracent peu à peu les contours d'un personnage à part entière, non pas passif mais virtuel collaborateur dans l'ordonnance et la mise en œuvre du récit. Dans l'ensemble, cependant, Tom Jones s'intègre dans la tradition stylistique de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, reflétant des aspirations culturelles patriciennes où prévalent l'ordre, l'élégance et la discipline, alliés à une forme d'esprit ludique très urbaine, formule déjà exploitée avec bonheur dans le « couplet héroïque » (heroic couplet) de poètes tels que John Dryden (1631-1700) ou Alexander Pope (1688-1744). (fr)
- Les styles de Fielding dans Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, publié en 1749, s'inscrivent dans une période, la première moitié du XVIIIe siècle anglais, qui est l'âge d'or de l'ironie, avec Jonathan Swift, Alexander Pope, etc. Il n'est donc pas étonnant qu'en toutes occasions, cette manière de voir et de dire en détermine la nature et la variété. Fielding reste assez proche sur ce point de l'auteur des Voyages de Gulliver ou de Humble Proposition, quoique, comparée à Swift, son ironie soit, selon A. R. Humphrey, plus intellectuelle, plus subtilement intégrée, fruit à la fois d'une organisation profonde de l'esprit et d'un réformisme plutôt pragmatique. En effet, l'ironie de Fielding ne vise nullement à saper les fondements de la société, non plus qu'elle s'en prend à l'orthodoxie chrétienne. Humphreys écrit d'ailleurs qu'il s'agit d'une ironie verbale d'intégration, non de désintégration, toute de sous-entendus et de double-sens (double-entendre), différente en cela d'autres conceptions de l'époque. Fielding s'avère un maître incontesté du genre, car il en manie avec une subtilité souveraine chacune des facettes et des ressorts, rarement dans l'animosité, le plus souvent avec la bienveillance qu'apporte l'humour qui place critique et cible sur un plan d'égalité, ce qui implique la sympathie universelle. En effet, le style parfois sombre de (1743) ou, avec encore plus d'intensité, d'Amelia (1751), particulièrement la description, dès les premières pages, de la vie en la prison de Newgate, est quasi absent de Tom Jones, plus léger et aérien sans rien perdre de son impact critique. Bien que Claude Rawson intitule son chapitre « Le Style de Fielding » (Fielding's Style) dans The Cambridge Companion to Henry Fieding, il est plutôt convenu de se référer à « ses » styles, tant est diverse la gamme des registres sur laquelle il s'appuie. De fait, Tom Jones abrite plusieurs manières d'écrire, toute reliées à l'ironie. Ainsi, l'attention du lecteur se voit sans cesse sollicitée, ce que Robert Alter explique en parlant d'une « activité préhensile de l'esprit », nécessaire à la compréhension d'aperçus élusifs ou d'allusions voilées, propre à la saisie au vol d'une phrase soudaine et acérée. Ainsi, une complicité inédite s'instaure avec le lecteur, comme un dialogue savamment ménagé à coup de questions, de réponses induites, d'apartés ou d'apostrophes qui tracent peu à peu les contours d'un personnage à part entière, non pas passif mais virtuel collaborateur dans l'ordonnance et la mise en œuvre du récit. Dans l'ensemble, cependant, Tom Jones s'intègre dans la tradition stylistique de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, reflétant des aspirations culturelles patriciennes où prévalent l'ordre, l'élégance et la discipline, alliés à une forme d'esprit ludique très urbaine, formule déjà exploitée avec bonheur dans le « couplet héroïque » (heroic couplet) de poètes tels que John Dryden (1631-1700) ou Alexander Pope (1688-1744). (fr)
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- Les styles de Fielding dans Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, publié en 1749, s'inscrivent dans une période, la première moitié du XVIIIe siècle anglais, qui est l'âge d'or de l'ironie, avec Jonathan Swift, Alexander Pope, etc. Il n'est donc pas étonnant qu'en toutes occasions, cette manière de voir et de dire en détermine la nature et la variété. Fielding reste assez proche sur ce point de l'auteur des Voyages de Gulliver ou de Humble Proposition, quoique, comparée à Swift, son ironie soit, selon A. R. Humphrey, plus intellectuelle, plus subtilement intégrée, fruit à la fois d'une organisation profonde de l'esprit et d'un réformisme plutôt pragmatique. (fr)
- Les styles de Fielding dans Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, publié en 1749, s'inscrivent dans une période, la première moitié du XVIIIe siècle anglais, qui est l'âge d'or de l'ironie, avec Jonathan Swift, Alexander Pope, etc. Il n'est donc pas étonnant qu'en toutes occasions, cette manière de voir et de dire en détermine la nature et la variété. Fielding reste assez proche sur ce point de l'auteur des Voyages de Gulliver ou de Humble Proposition, quoique, comparée à Swift, son ironie soit, selon A. R. Humphrey, plus intellectuelle, plus subtilement intégrée, fruit à la fois d'une organisation profonde de l'esprit et d'un réformisme plutôt pragmatique. (fr)
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