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- Les personnages de l'Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, roman considéré comme le chef-d'œuvre de Henry Fielding, sont nombreux et représentatifs de toutes les classes sociales de l'Angleterre du milieu du XVIIIe siècle. Constitué de dix-huit livres, chacun inauguré par un premier chapitre discursif parfois sans rapport avec ce qui suit, Tom Jones emprunte beaucoup à la tradition picaresque, mais innove dans la description des scènes et la caractérisation des personnages, plus réalistes que celles de bien d'autres ouvrages contemporains. En effet, son but, affirmé à maintes reprises par le narrateur, est de présenter la nature humaine telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être ou est imaginée, embellie, noircie ou encore déportée vers le fantastique. Chacun des personnages est soumis à l'examen minutieux et ironique de l'auteur qui, ainsi, établit une distanciation, qu'il partage avec son narrateur. D'ailleurs, il n'est pas rare que ces deux instances en sachent beaucoup plus sur les personnages qu'eux-mêmes, information qui est relayée au lecteur soit dans l'immédiat, soit préventivement, parfois avec beaucoup de retard. Le narrateur a donc la haute main sur leurs actions et leurs pensées, car doué d'omniscience, il les décrit de l'extérieur ou entre dans leur conscience selon les besoins du récit. Il ne semble pas que Fielding ait pris grand intérêt à creuser leur personnalité, la plupart d'entre eux n'étant pas destinés à changer, soit parce qu'il appartiennent à la catégorie des personnages-humeurs hérités de la tradition, soit parce que rivés dans leur « moi », ils s'avèrent incapables de se situer au regard du monde au-delà des préjugés qui les habitent. Seul, le héros subit une évolution sensible, résultat de ses erreurs de jeunesse, sans que soit pour autant altérée sa nature profonde, car il est doué d'un tempérament généreux qui se manifeste dès son plus jeune âge. Quant à l'héroïne, elle représente la sagesse incarnée et n'a nul besoin de s'amender, puisque les bienfaits qu'elle répand l'accompagnent de bout en bout. Fielding se sert de ses personnages pour dénoncer ou approuver certaines attitudes ou institutions, non pas tant en les faisant disserter, ce qui arrive pourtant, qu'en les mettant en scène et leur faisant démontrer par l'exemple le bien-fondé de ses opinions. En général, il recommande, parfois avec insistance, la prudence comme vertu cardinale, mais les faits tendent à prouver que la transgression, voire la rébellion, obtiennent de meilleurs résultats que la circonspection. La véritable sagesse semble donc résider à mi-chemin, chaque situation devant être évaluée selon ses contingences ponctuelles et chaque individu, dans les limites de son honnêteté, restant fidèle à sa nature. (fr)
- Les personnages de l'Histoire de Tom Jones, enfant trouvé, roman considéré comme le chef-d'œuvre de Henry Fielding, sont nombreux et représentatifs de toutes les classes sociales de l'Angleterre du milieu du XVIIIe siècle. Constitué de dix-huit livres, chacun inauguré par un premier chapitre discursif parfois sans rapport avec ce qui suit, Tom Jones emprunte beaucoup à la tradition picaresque, mais innove dans la description des scènes et la caractérisation des personnages, plus réalistes que celles de bien d'autres ouvrages contemporains. En effet, son but, affirmé à maintes reprises par le narrateur, est de présenter la nature humaine telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être ou est imaginée, embellie, noircie ou encore déportée vers le fantastique. Chacun des personnages est soumis à l'examen minutieux et ironique de l'auteur qui, ainsi, établit une distanciation, qu'il partage avec son narrateur. D'ailleurs, il n'est pas rare que ces deux instances en sachent beaucoup plus sur les personnages qu'eux-mêmes, information qui est relayée au lecteur soit dans l'immédiat, soit préventivement, parfois avec beaucoup de retard. Le narrateur a donc la haute main sur leurs actions et leurs pensées, car doué d'omniscience, il les décrit de l'extérieur ou entre dans leur conscience selon les besoins du récit. Il ne semble pas que Fielding ait pris grand intérêt à creuser leur personnalité, la plupart d'entre eux n'étant pas destinés à changer, soit parce qu'il appartiennent à la catégorie des personnages-humeurs hérités de la tradition, soit parce que rivés dans leur « moi », ils s'avèrent incapables de se situer au regard du monde au-delà des préjugés qui les habitent. Seul, le héros subit une évolution sensible, résultat de ses erreurs de jeunesse, sans que soit pour autant altérée sa nature profonde, car il est doué d'un tempérament généreux qui se manifeste dès son plus jeune âge. Quant à l'héroïne, elle représente la sagesse incarnée et n'a nul besoin de s'amender, puisque les bienfaits qu'elle répand l'accompagnent de bout en bout. Fielding se sert de ses personnages pour dénoncer ou approuver certaines attitudes ou institutions, non pas tant en les faisant disserter, ce qui arrive pourtant, qu'en les mettant en scène et leur faisant démontrer par l'exemple le bien-fondé de ses opinions. En général, il recommande, parfois avec insistance, la prudence comme vertu cardinale, mais les faits tendent à prouver que la transgression, voire la rébellion, obtiennent de meilleurs résultats que la circonspection. La véritable sagesse semble donc résider à mi-chemin, chaque situation devant être évaluée selon ses contingences ponctuelles et chaque individu, dans les limites de son honnêteté, restant fidèle à sa nature. (fr)
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