Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité. Toutefois, le sens attribué à athée et athéisme varie d'une époque à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un auteur à l'autre : en 1926, André Lalande écrit : « ce terme nous paraît donc ne comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître ».

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  • Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité. Toutefois, le sens attribué à athée et athéisme varie d'une époque à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un auteur à l'autre : en 1926, André Lalande écrit : « ce terme nous paraît donc ne comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître ». Selon Michel Onfray, philosophe et fondateur de l'université populaire de Caen, « il n'y a pas d'athéisme au sens contemporain du terme avant le XVIIIe siècle » pour cause légale et sociale. Plus avant dans sa conférence d'introduction, il expose que les philosophes antiques que nous nommons aujourd'hui « athées » présentent en fait plusieurs variantes de scepticisme. Pour d'autres historiens, remettant en cause les conclusions de Lucien Febvre, « les plus vieilles civilisations ont connu une part d'athéisme ». Aux temps préhistoriques (qui représentent une durée largement supérieure à celle de l'histoire), l'absence de trace écrite rend aléatoire toute supputation sur la nature des éventuelles préoccupations métaphysiques humaines, et sur la pertinence d'une transposition des notions modernes de croyance religieuse et d'athéisme. L'anthropologie, l'ethnographie et plus généralement toutes les sciences humaines exposent, à la plupart des époques connues, l'association systématique de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les sociétés examinées ; le principe religieux et le principe politique ne font alors qu'un. À l'inverse, l'athéisme, qui suppose d'abord une critique, puis éventuellement un rejet de ces concepts religieux, émerge au fil des siècles, dès que ce système religieux ne rend plus compte de la société qui l'a sécrété. Pour l'Occident, d'après Michel Onfray, c'est au XVIIIe siècle. (fr)
  • Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité. Toutefois, le sens attribué à athée et athéisme varie d'une époque à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un auteur à l'autre : en 1926, André Lalande écrit : « ce terme nous paraît donc ne comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître ». Selon Michel Onfray, philosophe et fondateur de l'université populaire de Caen, « il n'y a pas d'athéisme au sens contemporain du terme avant le XVIIIe siècle » pour cause légale et sociale. Plus avant dans sa conférence d'introduction, il expose que les philosophes antiques que nous nommons aujourd'hui « athées » présentent en fait plusieurs variantes de scepticisme. Pour d'autres historiens, remettant en cause les conclusions de Lucien Febvre, « les plus vieilles civilisations ont connu une part d'athéisme ». Aux temps préhistoriques (qui représentent une durée largement supérieure à celle de l'histoire), l'absence de trace écrite rend aléatoire toute supputation sur la nature des éventuelles préoccupations métaphysiques humaines, et sur la pertinence d'une transposition des notions modernes de croyance religieuse et d'athéisme. L'anthropologie, l'ethnographie et plus généralement toutes les sciences humaines exposent, à la plupart des époques connues, l'association systématique de concepts religieux extrêmement variés dans la naissance de toutes les sociétés examinées ; le principe religieux et le principe politique ne font alors qu'un. À l'inverse, l'athéisme, qui suppose d'abord une critique, puis éventuellement un rejet de ces concepts religieux, émerge au fil des siècles, dès que ce système religieux ne rend plus compte de la société qui l'a sécrété. Pour l'Occident, d'après Michel Onfray, c'est au XVIIIe siècle. (fr)
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  • Rabelais était-il athée ou un bon chrétien comme le soutient Lucien Febvre ? La question n'est pas tranchée, le problème étant de savoir si ses textes montrent une opinion peu orthodoxe sur certains points, avec une croyance indiscutable, ou bien sont des textes de dissimulations, révélant un athéisme ou un vague déisme naturaliste. La même question se pose pour nombre d'autres auteurs : Postel, Dolet, Servet, Des Périers, etc. Tous semblent plutôt, aux yeux du , panthéistes ou agnostiques sans vraiment renoncer à la croyance en un dieu. Quoi qu'il en soit, au début du , Rabelais est considéré comme un authentique athée, comparable à Lucrèce, parfois en référence à des déclarations de personnages de ses romans. Le poète Pietro Aretino moque la religion ; Machiavel décrit la religion comme un outil d’État et affirme « l'existence de toute chose de ce monde a un terme. Je parle ici des corps composés, tels les républiques ou les religions » ; Jérôme Cardan ne sait quelle religion est la meilleure et sera considéré comme un véritable athée au siècle suivant ; Bernardino Ochino publie des Dialogues entre un juif et un chrétien qui ridiculisent ce dernier, mais finissent par la conversion du juif . Giordano Bruno, regardé comme un mystique par les uns, un athée par les autres, était un panthéiste voyant une volonté organisatrice présente dans les atomes. Jean de Mirecourt et Nicolas d'Autrecourt, philosophe nominaliste, ont privilégié la position selon laquelle la connaissance humaine est limitée aux objets matériels, et que l'essence d'un être divin ne pouvait pas être appréhendée, intuitivement ou rationnellement, par l'intellect humain. Le cas de Jacques Gruet reste singulier : connu pour ses « mœurs douteuses » et ses contestations politiques, il est arrêté, mis en accusation par Calvin et condamné à mort sur la base de conversations privées, mais dans sa maison est retrouvée ensuite un carnet intime où il détaille sa pensée qui se révèle être profondément athée, pour un lecteur du . La cour des Médicis est connue pour son impiété, qualifiée d'athéisme par les contemporains, et Catherine de Médicis est arrivée à la cour de France entourée de courtisans affectant le mépris pour la religion et pratiquant le blasphème. Nombre de milieux professionnels ne pratiquent guère la religion, ou font preuve d'un athéisme pratique au quotidien, et parfois lui manquent explicitement de respect : financiers, médecins, étudiants, prostituées, brigands, soldats . Dans toute l'Europe, l'immense majorité de la plèbe vit à l'écart de la religion, mais dans un cadre christianisé. (fr)
  • Le philosophe, poète et homme politique grec Critias justifie la religion par le rôle qu'elle joue, il convient qu'elle est une institution historique, utilisée pour inspirer la vertu aux peuples, afin d'établir la civilisation. Le philosophe Diagoras qui, , critiquait de façon sévère la religion et le mysticisme, est souvent envisagé comme le « premier » athée. Les atomistes tels que Démocrite ont tenté d'expliquer le monde de façon strictement matérialiste, sans référence au spirituel ou au mystique : si le monde est constitué d'atomes, ceux-ci se combinent au hasard, donnant parfois des formes stables, voire se reproduisant, mais aucune intervention de Dieu. D'autres philosophes, avant Socrate, avaient aussi des points de vue sceptiques, comme Prodicus et Protagoras. Au , les philosophes grecs Theodore et Straton de Lampsacus ne croyaient pas non plus aux dieux, ce qui n'est pas équivalent à dire qu'ils ne connaissaient ou n'éprouvaient aucune transcendance. Socrate était accusé d'être athée à cause de son impiété parce qu'il posait des questions sur la nature et l'existence des dieux. Bien qu'il ait nié son accusation d'« athée complet », il fut condamné à mort. Euhemere présenta l'idée selon laquelle les dieux n'étaient que des dirigeants et des conquérants du passé, et que leurs cultes et les religions n'étaient que la continuation de royaumes anéantis et de structures politiques d'un autre temps. Euhemere fut ensuite critiqué pour avoir « répandu l'athéisme sur l'ensemble des terres en désignant les dieux comme de vieux concepts ». Épicure critiquait beaucoup des doctrines religieuses de son temps, et notamment le concept d'existence d'une vie après la mort ou de l'existence physique des déités ; il considérait l'esprit entièrement matériel et mortel. Si les épicuriens ne remettent pas en cause l'existence des dieux, ils nient toute intervention de leur part dans les affaires humaines. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure énonce quatre principes à suivre pour mener une vie bienheureuse. Le premier de ces principes est de ne pas craindre les dieux, puisque ceux-ci ne se préoccupent pas des humains. Aristote affirme la nécessité d'un dieu, premier moteur de l'univers, mais dans le cadre matérialiste d'une mécanique universelle pour un univers éternel, incréé, et où les âmes sont mortelles. D'autres encore nient ouvertement l'existence des dieux, tel Théodore l'Athée qui avait démontré, dans ses écrits, leur inexistence. . Le poète romain Lucrèce indiqua que, s'il y avait des dieux, ces derniers n'étaient pas préoccupés par l'humanité et étaient incapables d'influer sur le monde naturel. Pour cette raison, il pensait que l'humanité n'avait aucune crainte à avoir du surnaturel. Il exposa ses vues épicuriennes du cosmos, des atomes, de l'esprit, de la mortalité, et de la religion dans l'ouvrage De rerum natura , ce qui rendit populaire la philosophie épicurienne dans la Rome antique. (fr)
  • Rabelais était-il athée ou un bon chrétien comme le soutient Lucien Febvre ? La question n'est pas tranchée, le problème étant de savoir si ses textes montrent une opinion peu orthodoxe sur certains points, avec une croyance indiscutable, ou bien sont des textes de dissimulations, révélant un athéisme ou un vague déisme naturaliste. La même question se pose pour nombre d'autres auteurs : Postel, Dolet, Servet, Des Périers, etc. Tous semblent plutôt, aux yeux du , panthéistes ou agnostiques sans vraiment renoncer à la croyance en un dieu. Quoi qu'il en soit, au début du , Rabelais est considéré comme un authentique athée, comparable à Lucrèce, parfois en référence à des déclarations de personnages de ses romans. Le poète Pietro Aretino moque la religion ; Machiavel décrit la religion comme un outil d’État et affirme « l'existence de toute chose de ce monde a un terme. Je parle ici des corps composés, tels les républiques ou les religions » ; Jérôme Cardan ne sait quelle religion est la meilleure et sera considéré comme un véritable athée au siècle suivant ; Bernardino Ochino publie des Dialogues entre un juif et un chrétien qui ridiculisent ce dernier, mais finissent par la conversion du juif . Giordano Bruno, regardé comme un mystique par les uns, un athée par les autres, était un panthéiste voyant une volonté organisatrice présente dans les atomes. Jean de Mirecourt et Nicolas d'Autrecourt, philosophe nominaliste, ont privilégié la position selon laquelle la connaissance humaine est limitée aux objets matériels, et que l'essence d'un être divin ne pouvait pas être appréhendée, intuitivement ou rationnellement, par l'intellect humain. Le cas de Jacques Gruet reste singulier : connu pour ses « mœurs douteuses » et ses contestations politiques, il est arrêté, mis en accusation par Calvin et condamné à mort sur la base de conversations privées, mais dans sa maison est retrouvée ensuite un carnet intime où il détaille sa pensée qui se révèle être profondément athée, pour un lecteur du . La cour des Médicis est connue pour son impiété, qualifiée d'athéisme par les contemporains, et Catherine de Médicis est arrivée à la cour de France entourée de courtisans affectant le mépris pour la religion et pratiquant le blasphème. Nombre de milieux professionnels ne pratiquent guère la religion, ou font preuve d'un athéisme pratique au quotidien, et parfois lui manquent explicitement de respect : financiers, médecins, étudiants, prostituées, brigands, soldats . Dans toute l'Europe, l'immense majorité de la plèbe vit à l'écart de la religion, mais dans un cadre christianisé. (fr)
  • Le philosophe, poète et homme politique grec Critias justifie la religion par le rôle qu'elle joue, il convient qu'elle est une institution historique, utilisée pour inspirer la vertu aux peuples, afin d'établir la civilisation. Le philosophe Diagoras qui, , critiquait de façon sévère la religion et le mysticisme, est souvent envisagé comme le « premier » athée. Les atomistes tels que Démocrite ont tenté d'expliquer le monde de façon strictement matérialiste, sans référence au spirituel ou au mystique : si le monde est constitué d'atomes, ceux-ci se combinent au hasard, donnant parfois des formes stables, voire se reproduisant, mais aucune intervention de Dieu. D'autres philosophes, avant Socrate, avaient aussi des points de vue sceptiques, comme Prodicus et Protagoras. Au , les philosophes grecs Theodore et Straton de Lampsacus ne croyaient pas non plus aux dieux, ce qui n'est pas équivalent à dire qu'ils ne connaissaient ou n'éprouvaient aucune transcendance. Socrate était accusé d'être athée à cause de son impiété parce qu'il posait des questions sur la nature et l'existence des dieux. Bien qu'il ait nié son accusation d'« athée complet », il fut condamné à mort. Euhemere présenta l'idée selon laquelle les dieux n'étaient que des dirigeants et des conquérants du passé, et que leurs cultes et les religions n'étaient que la continuation de royaumes anéantis et de structures politiques d'un autre temps. Euhemere fut ensuite critiqué pour avoir « répandu l'athéisme sur l'ensemble des terres en désignant les dieux comme de vieux concepts ». Épicure critiquait beaucoup des doctrines religieuses de son temps, et notamment le concept d'existence d'une vie après la mort ou de l'existence physique des déités ; il considérait l'esprit entièrement matériel et mortel. Si les épicuriens ne remettent pas en cause l'existence des dieux, ils nient toute intervention de leur part dans les affaires humaines. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure énonce quatre principes à suivre pour mener une vie bienheureuse. Le premier de ces principes est de ne pas craindre les dieux, puisque ceux-ci ne se préoccupent pas des humains. Aristote affirme la nécessité d'un dieu, premier moteur de l'univers, mais dans le cadre matérialiste d'une mécanique universelle pour un univers éternel, incréé, et où les âmes sont mortelles. D'autres encore nient ouvertement l'existence des dieux, tel Théodore l'Athée qui avait démontré, dans ses écrits, leur inexistence. . Le poète romain Lucrèce indiqua que, s'il y avait des dieux, ces derniers n'étaient pas préoccupés par l'humanité et étaient incapables d'influer sur le monde naturel. Pour cette raison, il pensait que l'humanité n'avait aucune crainte à avoir du surnaturel. Il exposa ses vues épicuriennes du cosmos, des atomes, de l'esprit, de la mortalité, et de la religion dans l'ouvrage De rerum natura , ce qui rendit populaire la philosophie épicurienne dans la Rome antique. (fr)
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  • Robert Henry Codrington (fr)
  • Zindigs (fr)
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  • Exemples de philosophes grecs (fr)
  • Quelques cas bien connus (fr)
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  • Zindiq (fr)
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  • Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité. Toutefois, le sens attribué à athée et athéisme varie d'une époque à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un auteur à l'autre : en 1926, André Lalande écrit : « ce terme nous paraît donc ne comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître ». (fr)
  • Bien que l'on considère souvent l'athéisme comme un phénomène moderne, l'histoire de l'athéisme remonte à l'Antiquité. Toutefois, le sens attribué à athée et athéisme varie d'une époque à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un auteur à l'autre : en 1926, André Lalande écrit : « ce terme nous paraît donc ne comporter qu'une valeur historique à déterminer dans chaque cas particulier, plutôt qu'une signification théorique définie ; ce qui, pour l'un, est affirmation de la divinité, peut être athéisme pour l'autre. Il convient donc mieux aux polémiques religieuses qu'à la discussion philosophique, d'où il tend d'ailleurs à disparaître ». (fr)
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  • Histoire de l'athéisme en Occident (fr)
  • History of atheism (en)
  • Història de l'ateisme (ca)
  • 無神論の歴史 (ja)
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