Le Séminaire des nobles de Madrid est un ancien établissement d’enseignement fondé en 1725 à l’instigation du roi Philippe V et spécifiquement destiné à la noblesse. Placé sous la tutelle des jésuites, le Séminaire — terme à ne pas prendre au sens habituel d’institution de formation de prêtres catholiques — était d’abord associé au Collège impérial, sous l’autorité d’un même recteur, avant d’être transféré à un bâtiment d’aspect austère fraîchement construit et situé plus au nord dans Madrid. La création de l’établissement répondait au souci de la monarchie éclairée espagnole à l’endroit de l’éducation de la noblesse, souci qui se concrétisa tout au long du XVIIIe siècle par la création de plusieurs écoles semblables, la plus importante restant celle de Madrid. L’objectif du Séminaire étai

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  • Le Séminaire des nobles de Madrid est un ancien établissement d’enseignement fondé en 1725 à l’instigation du roi Philippe V et spécifiquement destiné à la noblesse. Placé sous la tutelle des jésuites, le Séminaire — terme à ne pas prendre au sens habituel d’institution de formation de prêtres catholiques — était d’abord associé au Collège impérial, sous l’autorité d’un même recteur, avant d’être transféré à un bâtiment d’aspect austère fraîchement construit et situé plus au nord dans Madrid. La création de l’établissement répondait au souci de la monarchie éclairée espagnole à l’endroit de l’éducation de la noblesse, souci qui se concrétisa tout au long du XVIIIe siècle par la création de plusieurs écoles semblables, la plus importante restant celle de Madrid. L’objectif du Séminaire était, ainsi qu’il appert de ses statuts de 1730, de « prémunir [la jeune noblesse] contre les risques de la liberté, de l’oisiveté et des plaisirs », de soustraire les enfants des grandes familles à un délétère « désœuvrement », et de promouvoir « une noblesse que ne fasse pas usage de ses richesses et prééminences autrement que pour se rendre utile au reste du peuple ». La fondation de l’établissement, s’intégrant dans une politique réformiste générale, dont l’enseignement n’était qu’un des aspects, était sous-tendue par une volonté politique, conforme à l’idéal des Lumières, non de lutte contre la noblesse, mais de régénération de celle-ci, se traduisant en l’espèce et notamment par une amélioration de la formation à la carrière militaire. Pour réaliser ce dessein, l’on s’attacha à attirer au Séminaire les aînés des grandes familles nobles pour leur procurer une formation adaptée aux emplois les plus élevés de l’État auxquels leur lignage les désignait, et par là de mieux former les élites dont la monarchie avait besoin. Le pouvoir eut soin d’obtenir l’homologation des enseignements du Séminaire par les universités. On peut distinguer deux grandes périodes dans l’histoire du Séminaire, séparées par la césure que représente l’expulsion des Jésuites hors d’Espagne en 1767. La réouverture de l’établissement en 1770 marque le début d’un processus de militarisation, que renforça encore l’incorporation d’élèves provenant d’autres écoles liées aux forces armées (notamment les cadets de l’académie militaire d’Ocaña), processus qui porta l’institution, par un nouveau plan de cours adopté en 1786 (et aussi par la nomination à sa tête de l’officier de marine et mathématicien Jorge Juan), à évoluer vers une éducation plus laïque, plus centrée sur les matières à caractère scientifique et technique, en phase avec le mouvement d’idées en cours dans les Sociedades económicas de amigos del país et mieux en accord avec les débouchés professionnels majoritairement militaires des séminaristes. Outre sur la carrière des armes, les études au Séminaire débouchaient sur la carrière ecclésiastique, sur un poste dans l’administration ou sur un emploi au Palais royal, souvent une place d’écuyer du roi. Nonobstant la présence de plusieurs rejetons de la noblesse titrée, ancienne ou récente, le groupe prédominant dans la clientèle étudiante du Séminaire, avec un peu plus de 80 % des effectifs, était formé d’élèves issus des strates moyennes et inférieures de la noblesse, — soit implantées dans l’administration de l’État ou dans l’armée, soit composant le monde hétéroclite de la noblesse provinciale, essentiellement basque —, puis aussi d’éléments venus des colonies américaines, dont notoirement le futur libertador San Martín. La bourgeoisie, désireuse d’ascension sociale, qui avait le plus à gagner à l’inscription de ses fils dans la Séminaire, y fut progressivement admise, alors qu’auparavant, une attestation rigoureuse de noblesse était requise. Il semble cependant que la fréquentation du Séminaire n’ait eu qu’une faible incidence sur le futur parcours professionnel des séminaristes, attendu que tout au long du XVIIIe siècle le critère principal dans la carrière militaire demeura l’ancienneté, critère infléchi seulement par un mérite exceptionnel en temps de guerre, par une forte influence à la Cour, ou encore par la voie pécuniaire (achat d’un brevet d’officier), et attendu, d’autre part, que dans l’administration royale, où seuls un peu plus de 10 % parvinrent à occuper des postes de premier plan, le facteur familial restait déterminant, c’est-à-dire les mérites et états de service accumulés de la parentèle, à telle enseigne que plus de 60 % des anciens séminaristes remplissant des fonctions d’élite dans l’administration exerçaient ces fonctions dans le même secteur administratif, politique ou militaire que leurs pères. De 1790 à 1800, la situation économique du Séminaire ne cessa de se détériorer à cause de la dévalorisation des sources de revenus qui lui avaient été assignées. En 1807, à la suite de l’invasion napoléonienne, les soldats espagnols prirent leurs quartiers dans le bâtiment pour organiser la défense, et les cours durent être suspendus. En 1809, un décret de Joseph Bonaparte le transforma en hôpital militaire. En 1836, avec l’abolition des privilèges de la noblesse, le Séminaire ferma définitivement ses portes, et l’édifice servit à accueillir l’université d’Alcalá lors de son transfert à Madrid, avant de retrouver une affectation comme hôpital militaire. Un incendie le détruisit complètement début 1889. (fr)
  • Le Séminaire des nobles de Madrid est un ancien établissement d’enseignement fondé en 1725 à l’instigation du roi Philippe V et spécifiquement destiné à la noblesse. Placé sous la tutelle des jésuites, le Séminaire — terme à ne pas prendre au sens habituel d’institution de formation de prêtres catholiques — était d’abord associé au Collège impérial, sous l’autorité d’un même recteur, avant d’être transféré à un bâtiment d’aspect austère fraîchement construit et situé plus au nord dans Madrid. La création de l’établissement répondait au souci de la monarchie éclairée espagnole à l’endroit de l’éducation de la noblesse, souci qui se concrétisa tout au long du XVIIIe siècle par la création de plusieurs écoles semblables, la plus importante restant celle de Madrid. L’objectif du Séminaire était, ainsi qu’il appert de ses statuts de 1730, de « prémunir [la jeune noblesse] contre les risques de la liberté, de l’oisiveté et des plaisirs », de soustraire les enfants des grandes familles à un délétère « désœuvrement », et de promouvoir « une noblesse que ne fasse pas usage de ses richesses et prééminences autrement que pour se rendre utile au reste du peuple ». La fondation de l’établissement, s’intégrant dans une politique réformiste générale, dont l’enseignement n’était qu’un des aspects, était sous-tendue par une volonté politique, conforme à l’idéal des Lumières, non de lutte contre la noblesse, mais de régénération de celle-ci, se traduisant en l’espèce et notamment par une amélioration de la formation à la carrière militaire. Pour réaliser ce dessein, l’on s’attacha à attirer au Séminaire les aînés des grandes familles nobles pour leur procurer une formation adaptée aux emplois les plus élevés de l’État auxquels leur lignage les désignait, et par là de mieux former les élites dont la monarchie avait besoin. Le pouvoir eut soin d’obtenir l’homologation des enseignements du Séminaire par les universités. On peut distinguer deux grandes périodes dans l’histoire du Séminaire, séparées par la césure que représente l’expulsion des Jésuites hors d’Espagne en 1767. La réouverture de l’établissement en 1770 marque le début d’un processus de militarisation, que renforça encore l’incorporation d’élèves provenant d’autres écoles liées aux forces armées (notamment les cadets de l’académie militaire d’Ocaña), processus qui porta l’institution, par un nouveau plan de cours adopté en 1786 (et aussi par la nomination à sa tête de l’officier de marine et mathématicien Jorge Juan), à évoluer vers une éducation plus laïque, plus centrée sur les matières à caractère scientifique et technique, en phase avec le mouvement d’idées en cours dans les Sociedades económicas de amigos del país et mieux en accord avec les débouchés professionnels majoritairement militaires des séminaristes. Outre sur la carrière des armes, les études au Séminaire débouchaient sur la carrière ecclésiastique, sur un poste dans l’administration ou sur un emploi au Palais royal, souvent une place d’écuyer du roi. Nonobstant la présence de plusieurs rejetons de la noblesse titrée, ancienne ou récente, le groupe prédominant dans la clientèle étudiante du Séminaire, avec un peu plus de 80 % des effectifs, était formé d’élèves issus des strates moyennes et inférieures de la noblesse, — soit implantées dans l’administration de l’État ou dans l’armée, soit composant le monde hétéroclite de la noblesse provinciale, essentiellement basque —, puis aussi d’éléments venus des colonies américaines, dont notoirement le futur libertador San Martín. La bourgeoisie, désireuse d’ascension sociale, qui avait le plus à gagner à l’inscription de ses fils dans la Séminaire, y fut progressivement admise, alors qu’auparavant, une attestation rigoureuse de noblesse était requise. Il semble cependant que la fréquentation du Séminaire n’ait eu qu’une faible incidence sur le futur parcours professionnel des séminaristes, attendu que tout au long du XVIIIe siècle le critère principal dans la carrière militaire demeura l’ancienneté, critère infléchi seulement par un mérite exceptionnel en temps de guerre, par une forte influence à la Cour, ou encore par la voie pécuniaire (achat d’un brevet d’officier), et attendu, d’autre part, que dans l’administration royale, où seuls un peu plus de 10 % parvinrent à occuper des postes de premier plan, le facteur familial restait déterminant, c’est-à-dire les mérites et états de service accumulés de la parentèle, à telle enseigne que plus de 60 % des anciens séminaristes remplissant des fonctions d’élite dans l’administration exerçaient ces fonctions dans le même secteur administratif, politique ou militaire que leurs pères. De 1790 à 1800, la situation économique du Séminaire ne cessa de se détériorer à cause de la dévalorisation des sources de revenus qui lui avaient été assignées. En 1807, à la suite de l’invasion napoléonienne, les soldats espagnols prirent leurs quartiers dans le bâtiment pour organiser la défense, et les cours durent être suspendus. En 1809, un décret de Joseph Bonaparte le transforma en hôpital militaire. En 1836, avec l’abolition des privilèges de la noblesse, le Séminaire ferma définitivement ses portes, et l’édifice servit à accueillir l’université d’Alcalá lors de son transfert à Madrid, avant de retrouver une affectation comme hôpital militaire. Un incendie le détruisit complètement début 1889. (fr)
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  • Générale, préparation à la fonction publique ; (fr)
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  • Le Séminaire des nobles sur une gravure de 1860. (fr)
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  • Los Reales Seminarios de Nobles en la política ilustrada española (fr)
  • Guía de Madrid: Manual del madrileño y del forastero (fr)
  • El Seminario de Nobles de Madrid en el siglo XVIII. Un estudio social (fr)
  • Manual histórico-topográfico, administrativo y artistico de Madrid (fr)
  • Historia del Instituto de Medicina Preventiva del E. T. "Capitán Médico Ramón y Cajal" (fr)
  • El real seminario de nobles de Madrid y la formación de las élites en el siglo XVIII (fr)
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