Lorenzo Normante y Carcavilla était un juriste, économiste, enseignant, journaliste, traducteur et haut fonctionnaire espagnol. Il fut le premier dans son pays à enseigner l’économie civile et les sciences commerciales.

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  • Lorenzo Normante y Carcavilla était un juriste, économiste, enseignant, journaliste, traducteur et haut fonctionnaire espagnol. Il fut le premier dans son pays à enseigner l’économie civile et les sciences commerciales. Enfant précoce, il étudia la philosophie, le droit canon et la jurisprudence dans les universités de Huesca et de Saragosse, où il obtint le titre de docteur, puis intégra en 1779 la Real Academia Jurídico-Práctica, occupa en 1782 un poste d’avocat aux Conseils royaux, et fut admis dans le collège des avocats de Saragosse. Entre-temps, il était entré en relation avec les cercles éclairés qui avaient fondé en 1776 la Société économique aragonaise des amis du pays. Cette société, dont Normante se fera l’un des sociétaires les plus actifs, fonda en 1784 à Saragosse une chaire d’enseignement en économie civile et commerce, dont Normante devint le premier titulaire. Cette chaire, la première du genre en Espagne, se caractérisait par son inspiration génovésienne et fut créée sur le moule de ce qui avait été fait à Naples 30 ans auparavant ; un autre trait saillant de cette chaire était son caractère officiel, tombant en effet bientôt sous la tutelle directe du secrétariat d’État, en l’espèce du comte de Floridablanca. La chaire d’économie fera de la Société aragonaise des amis du pays un important foyer de réflexion et de diffusion de la pensée politico-économique du XVIIIe siècle, notamment par la publication de traductions d’auteurs étrangers ; Normante lui-même fit paraître trois ouvrages, dont, significativement, une traduction/adaptation du célèbre Essai de J.-F. Melon. Selon Normante, dont les idées provenaient en majeure partie de textes néomercantilistes venus de France, le but que doit poursuivre l’économie politique est le dépassement de la société à trois états, pour arriver à la constitution d’une société plus égalitaire ; l’objectif de la science économique est la gestion appropriée des finances publiques, notamment par une fiscalité unifiée et par la proscription des dévaluations frauduleuses. Dans le secteur agricole, il préconise d’introduire des réformes visant à amenuiser les inégalités au regard de la propriété foncière ; concernant l’artisanat et le commerce, où ses positions étaient tributaires de la physiocratie française, il plaidait pour une protection des fabricants face aux corporations, et pour la dérégulation de celles-ci. Il appelait par ailleurs au développement des voies de communication, à la suppression des douanes intérieures, à l’unification des poids et mesures et de la monnaie, et à l’introduction du papier-monnaie. Les remaniements — omissions et ajouts — auxquels Normante se laissa aller dans sa « traduction » de Melon sont symptomatiques de son mode de pensée. Ses adjonctions reflétant un désaccord avec Melon sont peu nombreuses, mais particulièrement significatives pour ce qui a trait à la monnaie et aux finances publiques, Normante s’opposant, au contraire de Melon, à la politique de dévaluation des monnaies. Ses suppressions frappent les passages de l’Essai qui véhiculent un jugement négatif sur l’Espagne, en particulier sur la question coloniale, tandis que d’autres omissions semblent liées à une forme d’autocensure, notamment face aux allusions réitérées que fait Melon aux qualités des gouvernements « républicains ». Normante s’autorisa de l’œuvre de Melon pour suggérer des réformes qu’il serait à ses yeux opportun d’entreprendre en Espagne, comme la liberté du commerce intérieur et la suppression des douanes dans les territoires jouissant du régime des fors. Les milieux traditionalistes (ecclésiastiques, corporations, foralistes) lui feront subir un véritable harcèlement, qui bridera son activité et se répercutera sur sa santé, même si ni l’Inquisition, ni le Conseil de Castille ne donneront suite à une dénonciation déposée contre lui par un capucin. En novembre 1801, à la suite de sa désignation comme fonctionnaire du secrétariat d’État et du Cabinet universel du ministère des Finances, il élut domicile à Madrid. (fr)
  • Lorenzo Normante y Carcavilla était un juriste, économiste, enseignant, journaliste, traducteur et haut fonctionnaire espagnol. Il fut le premier dans son pays à enseigner l’économie civile et les sciences commerciales. Enfant précoce, il étudia la philosophie, le droit canon et la jurisprudence dans les universités de Huesca et de Saragosse, où il obtint le titre de docteur, puis intégra en 1779 la Real Academia Jurídico-Práctica, occupa en 1782 un poste d’avocat aux Conseils royaux, et fut admis dans le collège des avocats de Saragosse. Entre-temps, il était entré en relation avec les cercles éclairés qui avaient fondé en 1776 la Société économique aragonaise des amis du pays. Cette société, dont Normante se fera l’un des sociétaires les plus actifs, fonda en 1784 à Saragosse une chaire d’enseignement en économie civile et commerce, dont Normante devint le premier titulaire. Cette chaire, la première du genre en Espagne, se caractérisait par son inspiration génovésienne et fut créée sur le moule de ce qui avait été fait à Naples 30 ans auparavant ; un autre trait saillant de cette chaire était son caractère officiel, tombant en effet bientôt sous la tutelle directe du secrétariat d’État, en l’espèce du comte de Floridablanca. La chaire d’économie fera de la Société aragonaise des amis du pays un important foyer de réflexion et de diffusion de la pensée politico-économique du XVIIIe siècle, notamment par la publication de traductions d’auteurs étrangers ; Normante lui-même fit paraître trois ouvrages, dont, significativement, une traduction/adaptation du célèbre Essai de J.-F. Melon. Selon Normante, dont les idées provenaient en majeure partie de textes néomercantilistes venus de France, le but que doit poursuivre l’économie politique est le dépassement de la société à trois états, pour arriver à la constitution d’une société plus égalitaire ; l’objectif de la science économique est la gestion appropriée des finances publiques, notamment par une fiscalité unifiée et par la proscription des dévaluations frauduleuses. Dans le secteur agricole, il préconise d’introduire des réformes visant à amenuiser les inégalités au regard de la propriété foncière ; concernant l’artisanat et le commerce, où ses positions étaient tributaires de la physiocratie française, il plaidait pour une protection des fabricants face aux corporations, et pour la dérégulation de celles-ci. Il appelait par ailleurs au développement des voies de communication, à la suppression des douanes intérieures, à l’unification des poids et mesures et de la monnaie, et à l’introduction du papier-monnaie. Les remaniements — omissions et ajouts — auxquels Normante se laissa aller dans sa « traduction » de Melon sont symptomatiques de son mode de pensée. Ses adjonctions reflétant un désaccord avec Melon sont peu nombreuses, mais particulièrement significatives pour ce qui a trait à la monnaie et aux finances publiques, Normante s’opposant, au contraire de Melon, à la politique de dévaluation des monnaies. Ses suppressions frappent les passages de l’Essai qui véhiculent un jugement négatif sur l’Espagne, en particulier sur la question coloniale, tandis que d’autres omissions semblent liées à une forme d’autocensure, notamment face aux allusions réitérées que fait Melon aux qualités des gouvernements « républicains ». Normante s’autorisa de l’œuvre de Melon pour suggérer des réformes qu’il serait à ses yeux opportun d’entreprendre en Espagne, comme la liberté du commerce intérieur et la suppression des douanes dans les territoires jouissant du régime des fors. Les milieux traditionalistes (ecclésiastiques, corporations, foralistes) lui feront subir un véritable harcèlement, qui bridera son activité et se répercutera sur sa santé, même si ni l’Inquisition, ni le Conseil de Castille ne donneront suite à une dénonciation déposée contre lui par un capucin. En novembre 1801, à la suite de sa désignation comme fonctionnaire du secrétariat d’État et du Cabinet universel du ministère des Finances, il élut domicile à Madrid. (fr)
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  • Campomanes, Jovellanos, Jean-François Melon, Antonio Genovesi, les physiocrates (fr)
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  • Économie, finances de l’État, économie politique (fr)
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  • Revue d’histoire moderne & contemporaine (fr)
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  • La dérangeante découverte de l'autre : traductions et adaptations espagnoles de l'Essai politique sur le commerce de Jean-François Melon (fr)
  • Normante y Carcavilla, Lorenzo (fr)
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  • Normante y Carcavilla, Lorenzo (fr)
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  • http://dbe.rah.es/biografias/8498/lorenzo-normante-y-carcavilla|titre=Lorenzo Normante y Carcavilla (fr)
  • https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2010-1-page-91.htm#|prénom1=Jesús|nom1= Astigarraga (fr)
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