Antônio Pedro de Figueiredo (Iguarassu, Pernambouc, 1814 - Recife, 1859) était un journaliste, penseur, enseignant et traducteur brésilien. Mulâtre d'origine très modeste, fils de petits paysans, mais avide de connaissances, Figueiredo, encore adolescent, vint à Recife sur une fausse promesse et fut recueilli au couvent du Carmel, où il trouvera un environnement propice pour s'instruire, notamment pour s'initier à la philosophie et aux langues, dont le français. Sans être titulaire d'aucun diplôme, mais doté, pour avoir dévoré quantité de livres, d'une solide culture autodidacte, et jouissant de la protection du , il fut nommé professeur au prestigieux lycée de Pernambouc à Recife.

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  • Antônio Pedro de Figueiredo (Iguarassu, Pernambouc, 1814 - Recife, 1859) était un journaliste, penseur, enseignant et traducteur brésilien. Mulâtre d'origine très modeste, fils de petits paysans, mais avide de connaissances, Figueiredo, encore adolescent, vint à Recife sur une fausse promesse et fut recueilli au couvent du Carmel, où il trouvera un environnement propice pour s'instruire, notamment pour s'initier à la philosophie et aux langues, dont le français. Sans être titulaire d'aucun diplôme, mais doté, pour avoir dévoré quantité de livres, d'une solide culture autodidacte, et jouissant de la protection du , il fut nommé professeur au prestigieux lycée de Pernambouc à Recife. Figueiredo, représentant typique de l'homme brésilien cultivé, débuta dans la carrière intellectuelle par une traduction en portugais d'œuvres de Victor Cousin, dont la pensée avait pénétré tardivement au Brésil et dans l'éclectisme duquel il crut trouver la solution aux positions extrêmes (héritées du XVIIIe siècle européen) de l'empirisme de Locke et du rationalisme cartésien. Ses autres influences furent Théodore Jouffroy, ainsi que les tenants, surtout français, du réformisme social, en particulier les socialistes utopiques, des écrits desquels il était bien informé. En 1846, il lança, en collaboration avec quelques compagnons d'idées, la revue O Progresso, publication qui détonna dans le Pernambouc de cette époque par sa haute tenue intellectuelle et qui, comportant notamment un programme complet de modernisation du pays, passe aujourd'hui pour être l'un des documents les plus mémorables et les plus utiles à la connaissance des luttes politiques dans le Brésil du milieu du XIXe siècle. Son réformisme vaudra à Figueiredo, rédacteur en chef d'O Progresso, d'être qualifié de socialiste par ses contemporains et par plusieurs auteurs du XXe siècle, entre autres par Gilberto Freyre, qui goûtait fort ses écrits et sur les instances de qui les articles de la revue furent réédités en 1950 ; il est vrai aussi que Figueiredo s'autoqualifiait de socialiste. La revue se proposait de réveiller l'opinion publique et de faire toucher du doigt les maux dont Figueiredo estimait qu'ils empêchaient la création de conditions favorables à l'avènement du progrès au Brésil ; lui et ses amis, auquel viendra se joindre l'ingénieur français Vauthier ― attiré dans le Pernambouc pour moderniser Recife et jouissant comme Figueiredo des faveurs de Boa Vista ―, mécontents tous de la situation de gâchis politique dans lequel à leurs yeux se trouvait le Pernambouc, s'efforcèrent de promouvoir les idées de progrès social en Amérique du Sud et pour cela s'attachaient à enseigner au peuple ses droits et devoirs et de lui montrer ses véritables amis ; aussi les articles de la revue, et ceux de Figueiredo en particulier, étaient intentionnellement conçus pour instruire le public afin de permettre un débat civilisateur de s'instaurer, condition préalable fondamentale pour mener les réformes nécessaires au progrès matériel et moral du Brésil. À l'éclatement de la Révolution praieira de 1848, que les idées de Figueiredo ont pu contribuer à inspirer, celui-ci décida de cesser la parution de la revue. À l'issue d'une période de mutisme, abstraction faite d'un petit ouvrage philologique consacré à la langue portugaise, il sera engagé en 1855 par le quotidien Diario de Pernambuco pour y tenir un feuilleton hebdomadaire, qu'il intitulera A Carteira, et où son acuité de critique social s'exercera à travers les faits (culturels, sociétaux, politiques…) de l'actualité récente, et auquel il contribuera jusque peu avant sa mort en 1859. Sur ces trois périodes — période cousinienne, période dO Progresso, période dA Carteira —, il y a dans la pensée de Figueiredo une constante, à savoir tout ce qui définit le penseur moderne, tout entier porté à saisir le moment historique qui se présente à lui, moment gros de possibilités, qu'il s'agit de ne pas gâcher, et tourné surtout vers la critique sociale, car pénétré du rôle qu'a à jouer l'intellectuel dans le processus de développement d'une société, et ouvert aux courants de pensée qui se succédaient à son époque. L'apparition de conceptions issues de la tradition chrétienne, qui affleurent çà et là dans la troisième période, a porté certains auteurs à postuler que Figueiredo s'acheminait vers une synthèse entre modernité et culture chrétienne traditionnelle du peuple brésilien. Il lui apparut en effet possible de concilier les conquêtes de la raison humaine avec les acquis de ce que l'historien Torres Bandeira appela la « raison catholique » ; loin de s'opposer les unes aux autres, les premières sont la traduction sur le plan rationnel de que les autres avaient déjà manifesté à l'Homme au nom de la révélation. Figueiredo de la sorte intervient comme médiateur entre le traditionnel et le moderne, sans trahir l'un pour l'autre. D'autres, comme Vicente Barretto, ont préféré situer Figueiredo dans les rangs des réformistes sociaux surgis au XIXe au sein même du libéralisme capitaliste ; ce qui, à ce titre, fonde l'originalité de la pensée de Figueiredo est le contact avec, et les références à, la réalité spécifiquement brésilienne, et plus particulièrement encore, celle de sa province natale du Pernambouc. Des analystes de la sphère marxiste soulignent que les efforts de Figueiredo et de sa revue tendaient avant tout à mettre en place au Brésil les conditions propices à l'organisation d'une bourgeoisie nationale efficace en adéquation avec les desseins d'un capitalisme international en expansion. Sa mort prématurée coupa court à un projet de voyage en Europe, auquel Figueiredo aspirait de longue date pour se mettre en rapport avec les maîtres de la pensée européenne, et qu'allait permettre enfin une allocation gracieusement accordée, au terme de vifs débats, par l'assemblée provinciale du Pernambouc. Son œuvre connut ensuite une période d'oubli, jusqu'à ce qu'il fût redécouvert et sa revue rééditée en 1950, à l'instigation de Gilberto Freyre, sur les presses officielles du gouvernement du Pernambouc. (fr)
  • Antônio Pedro de Figueiredo (Iguarassu, Pernambouc, 1814 - Recife, 1859) était un journaliste, penseur, enseignant et traducteur brésilien. Mulâtre d'origine très modeste, fils de petits paysans, mais avide de connaissances, Figueiredo, encore adolescent, vint à Recife sur une fausse promesse et fut recueilli au couvent du Carmel, où il trouvera un environnement propice pour s'instruire, notamment pour s'initier à la philosophie et aux langues, dont le français. Sans être titulaire d'aucun diplôme, mais doté, pour avoir dévoré quantité de livres, d'une solide culture autodidacte, et jouissant de la protection du , il fut nommé professeur au prestigieux lycée de Pernambouc à Recife. Figueiredo, représentant typique de l'homme brésilien cultivé, débuta dans la carrière intellectuelle par une traduction en portugais d'œuvres de Victor Cousin, dont la pensée avait pénétré tardivement au Brésil et dans l'éclectisme duquel il crut trouver la solution aux positions extrêmes (héritées du XVIIIe siècle européen) de l'empirisme de Locke et du rationalisme cartésien. Ses autres influences furent Théodore Jouffroy, ainsi que les tenants, surtout français, du réformisme social, en particulier les socialistes utopiques, des écrits desquels il était bien informé. En 1846, il lança, en collaboration avec quelques compagnons d'idées, la revue O Progresso, publication qui détonna dans le Pernambouc de cette époque par sa haute tenue intellectuelle et qui, comportant notamment un programme complet de modernisation du pays, passe aujourd'hui pour être l'un des documents les plus mémorables et les plus utiles à la connaissance des luttes politiques dans le Brésil du milieu du XIXe siècle. Son réformisme vaudra à Figueiredo, rédacteur en chef d'O Progresso, d'être qualifié de socialiste par ses contemporains et par plusieurs auteurs du XXe siècle, entre autres par Gilberto Freyre, qui goûtait fort ses écrits et sur les instances de qui les articles de la revue furent réédités en 1950 ; il est vrai aussi que Figueiredo s'autoqualifiait de socialiste. La revue se proposait de réveiller l'opinion publique et de faire toucher du doigt les maux dont Figueiredo estimait qu'ils empêchaient la création de conditions favorables à l'avènement du progrès au Brésil ; lui et ses amis, auquel viendra se joindre l'ingénieur français Vauthier ― attiré dans le Pernambouc pour moderniser Recife et jouissant comme Figueiredo des faveurs de Boa Vista ―, mécontents tous de la situation de gâchis politique dans lequel à leurs yeux se trouvait le Pernambouc, s'efforcèrent de promouvoir les idées de progrès social en Amérique du Sud et pour cela s'attachaient à enseigner au peuple ses droits et devoirs et de lui montrer ses véritables amis ; aussi les articles de la revue, et ceux de Figueiredo en particulier, étaient intentionnellement conçus pour instruire le public afin de permettre un débat civilisateur de s'instaurer, condition préalable fondamentale pour mener les réformes nécessaires au progrès matériel et moral du Brésil. À l'éclatement de la Révolution praieira de 1848, que les idées de Figueiredo ont pu contribuer à inspirer, celui-ci décida de cesser la parution de la revue. À l'issue d'une période de mutisme, abstraction faite d'un petit ouvrage philologique consacré à la langue portugaise, il sera engagé en 1855 par le quotidien Diario de Pernambuco pour y tenir un feuilleton hebdomadaire, qu'il intitulera A Carteira, et où son acuité de critique social s'exercera à travers les faits (culturels, sociétaux, politiques…) de l'actualité récente, et auquel il contribuera jusque peu avant sa mort en 1859. Sur ces trois périodes — période cousinienne, période dO Progresso, période dA Carteira —, il y a dans la pensée de Figueiredo une constante, à savoir tout ce qui définit le penseur moderne, tout entier porté à saisir le moment historique qui se présente à lui, moment gros de possibilités, qu'il s'agit de ne pas gâcher, et tourné surtout vers la critique sociale, car pénétré du rôle qu'a à jouer l'intellectuel dans le processus de développement d'une société, et ouvert aux courants de pensée qui se succédaient à son époque. L'apparition de conceptions issues de la tradition chrétienne, qui affleurent çà et là dans la troisième période, a porté certains auteurs à postuler que Figueiredo s'acheminait vers une synthèse entre modernité et culture chrétienne traditionnelle du peuple brésilien. Il lui apparut en effet possible de concilier les conquêtes de la raison humaine avec les acquis de ce que l'historien Torres Bandeira appela la « raison catholique » ; loin de s'opposer les unes aux autres, les premières sont la traduction sur le plan rationnel de que les autres avaient déjà manifesté à l'Homme au nom de la révélation. Figueiredo de la sorte intervient comme médiateur entre le traditionnel et le moderne, sans trahir l'un pour l'autre. D'autres, comme Vicente Barretto, ont préféré situer Figueiredo dans les rangs des réformistes sociaux surgis au XIXe au sein même du libéralisme capitaliste ; ce qui, à ce titre, fonde l'originalité de la pensée de Figueiredo est le contact avec, et les références à, la réalité spécifiquement brésilienne, et plus particulièrement encore, celle de sa province natale du Pernambouc. Des analystes de la sphère marxiste soulignent que les efforts de Figueiredo et de sa revue tendaient avant tout à mettre en place au Brésil les conditions propices à l'organisation d'une bourgeoisie nationale efficace en adéquation avec les desseins d'un capitalisme international en expansion. Sa mort prématurée coupa court à un projet de voyage en Europe, auquel Figueiredo aspirait de longue date pour se mettre en rapport avec les maîtres de la pensée européenne, et qu'allait permettre enfin une allocation gracieusement accordée, au terme de vifs débats, par l'assemblée provinciale du Pernambouc. Son œuvre connut ensuite une période d'oubli, jusqu'à ce qu'il fût redécouvert et sa revue rééditée en 1950, à l'instigation de Gilberto Freyre, sur les presses officielles du gouvernement du Pernambouc. (fr)
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  • Antônio Pedro de Figueiredo (Iguarassu, Pernambouc, 1814 - Recife, 1859) était un journaliste, penseur, enseignant et traducteur brésilien. Mulâtre d'origine très modeste, fils de petits paysans, mais avide de connaissances, Figueiredo, encore adolescent, vint à Recife sur une fausse promesse et fut recueilli au couvent du Carmel, où il trouvera un environnement propice pour s'instruire, notamment pour s'initier à la philosophie et aux langues, dont le français. Sans être titulaire d'aucun diplôme, mais doté, pour avoir dévoré quantité de livres, d'une solide culture autodidacte, et jouissant de la protection du , il fut nommé professeur au prestigieux lycée de Pernambouc à Recife. (fr)
  • Antônio Pedro de Figueiredo (Iguarassu, Pernambouc, 1814 - Recife, 1859) était un journaliste, penseur, enseignant et traducteur brésilien. Mulâtre d'origine très modeste, fils de petits paysans, mais avide de connaissances, Figueiredo, encore adolescent, vint à Recife sur une fausse promesse et fut recueilli au couvent du Carmel, où il trouvera un environnement propice pour s'instruire, notamment pour s'initier à la philosophie et aux langues, dont le français. Sans être titulaire d'aucun diplôme, mais doté, pour avoir dévoré quantité de livres, d'une solide culture autodidacte, et jouissant de la protection du , il fut nommé professeur au prestigieux lycée de Pernambouc à Recife. (fr)
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