L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation.

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  • L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation. Parmi ses premiers membres, on compte Max Horkheimer (1895-1973), qui fut le directeur de l'Institut à partir de 1930, son collègue Theodor W. Adorno (1903-1969), avec qui il écrira après-guerre La Dialectique de la raison, qui porte une critique de la société de consommation, Erich Fromm (1900-1980), considéré comme l'un des fondateurs du freudo-marxisme, et qui mêla psychanalyse et sociologie quantitative, Walter Benjamin (1892-1940), écartelé entre ses influences messianiques hébraïques et un marxisme inspiré de Lukács (1895-1971), ou encore le juriste, davantage social-démocrate, Franz Neumann (1900-1954). Dans son projet général des années 1930, qui voit la montée en force des fascismes, l'Institut de recherche sociale s'emploie à favoriser la collaboration interdisciplinaire, et à mêler philosophie et sciences sociales dans une optique critique, qui se veut détachée tant du « marxisme orthodoxe », incarné par le léninisme, l'URSS et la Troisième Internationale, que du « marxisme révisionniste », c'est-à-dire social-démocrate, de Bernstein (1850-1932). L'arrivée d'Hitler au pouvoir contraint l'Institut à fermer ses portes, et ses membres, dispersés, à l'exil. Une partie d'entre eux, notamment Horkheimer, Adorno et Marcuse (1898-1979) iront aux États-Unis, où ils rouvriront l'Institut à New York. En 1950, l'Institut rouvrira ses portes à Francfort. C'est cette période qui verra les premiers écrits célèbres sur la société de consommation, tels que La Dialectique de la Raison (1944/47), d'Adorno et Horkheimer, ou Éros et civilisation (1955) de Marcuse. En 1958, après une série d'allers-retours entre l'Europe et les États-Unis, Adorno prend la succession d'Horkheimer à la tête de l'Institut. Les années 1950-1960 voient s'ouvrir une nouvelle phase de l'École de Francfort, tant en raison du nouveau contexte international (Guerre froide puis Détente et « Coexistence pacifique »), que de la venue d'une nouvelle génération de penseurs, dont Habermas, qui après s'être éloigné de l'Institut à l'époque de L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (1962), reviendra y donner des cours au milieu des années 1960, période lors de laquelle il écrira Connaissance et intérêt (1968). L'un de ses élèves, Axel Honneth, célèbre pour sa théorie de la reconnaissance, est aujourd'hui l'actuel directeur de l'Institut. (fr)
  • L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation. Parmi ses premiers membres, on compte Max Horkheimer (1895-1973), qui fut le directeur de l'Institut à partir de 1930, son collègue Theodor W. Adorno (1903-1969), avec qui il écrira après-guerre La Dialectique de la raison, qui porte une critique de la société de consommation, Erich Fromm (1900-1980), considéré comme l'un des fondateurs du freudo-marxisme, et qui mêla psychanalyse et sociologie quantitative, Walter Benjamin (1892-1940), écartelé entre ses influences messianiques hébraïques et un marxisme inspiré de Lukács (1895-1971), ou encore le juriste, davantage social-démocrate, Franz Neumann (1900-1954). Dans son projet général des années 1930, qui voit la montée en force des fascismes, l'Institut de recherche sociale s'emploie à favoriser la collaboration interdisciplinaire, et à mêler philosophie et sciences sociales dans une optique critique, qui se veut détachée tant du « marxisme orthodoxe », incarné par le léninisme, l'URSS et la Troisième Internationale, que du « marxisme révisionniste », c'est-à-dire social-démocrate, de Bernstein (1850-1932). L'arrivée d'Hitler au pouvoir contraint l'Institut à fermer ses portes, et ses membres, dispersés, à l'exil. Une partie d'entre eux, notamment Horkheimer, Adorno et Marcuse (1898-1979) iront aux États-Unis, où ils rouvriront l'Institut à New York. En 1950, l'Institut rouvrira ses portes à Francfort. C'est cette période qui verra les premiers écrits célèbres sur la société de consommation, tels que La Dialectique de la Raison (1944/47), d'Adorno et Horkheimer, ou Éros et civilisation (1955) de Marcuse. En 1958, après une série d'allers-retours entre l'Europe et les États-Unis, Adorno prend la succession d'Horkheimer à la tête de l'Institut. Les années 1950-1960 voient s'ouvrir une nouvelle phase de l'École de Francfort, tant en raison du nouveau contexte international (Guerre froide puis Détente et « Coexistence pacifique »), que de la venue d'une nouvelle génération de penseurs, dont Habermas, qui après s'être éloigné de l'Institut à l'époque de L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (1962), reviendra y donner des cours au milieu des années 1960, période lors de laquelle il écrira Connaissance et intérêt (1968). L'un de ses élèves, Axel Honneth, célèbre pour sa théorie de la reconnaissance, est aujourd'hui l'actuel directeur de l'Institut. (fr)
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  • Centre for Contemporary Cultural Studies (fr)
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  • Kurt Mandelbaum (fr)
  • Querelle de méthodologie en sciences sociales (fr)
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  • Annales. Économie, Société, Civilisations (fr)
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  • From Marxism on the State to the State of Marxism (fr)
  • Le regard de la revue Die Neue Zeit (fr)
  • Eduard Bernstein and Social Democracy (fr)
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  • The Rise and Fall of Communism (fr)
  • The Immanent Utopia (fr)
  • Idéologie et pratique : le faux débat Bernstein-Kautsky (fr)
  • La social-démocratie allemande et la IIIe République (fr)
  • The Quest for Evolutionary Socialism (fr)
  • L'École de Francfort (fr)
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  • L'École de Francfort (fr)
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  • Centre for Contemporary Cultural Studies (fr)
  • Methodenstreit (fr)
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  • Kurt Mandelbaum (fr)
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  • L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation. (fr)
  • L’École de Francfort (en allemand Frankfurter Schule) est le nom donné, à partir des années 1950, à un groupe d'intellectuels allemands réunis autour de l'Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923, et par extension à un courant de pensée issu de celui-ci, souvent considéré comme fondateur ou paradigmatique de la philosophie sociale ou de la théorie critique. Il retient en effet du marxisme et de l'idéal d'émancipation des Lumières l'idée principale que la philosophie doit être utilisée comme critique sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l'ordre existant, critique qui doit servir à faire avancer la transformation. (fr)
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  • Escola de Frankfurt (ca)
  • Frankfurt School (en)
  • Frankfurter Schule (nl)
  • Scuola di Francoforte (it)
  • Франкфуртська школа (uk)
  • フランクフルト学派 (ja)
  • 法蘭克福學派 (zh)
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