Le micro-travail (ou microtravail), appelé aussi travail au clic ou microtasking (micro-tâche), désigne une pratique de travail à la tâche. Il est surtout caractérisé, selon certains chercheurs, par l'extreme parcellisation et standardisation du travail en micro-tâches numériques et par un intense détachement en termes physiques, administratifs et temporels du travail comme l'on l'entend dans le sens commun, au point que le théoricien Vili Lehdonvirta, un de ses majeures définiteurs, le rapproche à un héritier du taylorisme du XIXe siècle en ce que, de même que celui-ci avait réduit le travail industriel en micro-unités, le micro-travail est défini par une réduction minimale du travail de l'information en micro-unités.

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  • Le micro-travail (ou microtravail), appelé aussi travail au clic ou microtasking (micro-tâche), désigne une pratique de travail à la tâche. Il est surtout caractérisé, selon certains chercheurs, par l'extreme parcellisation et standardisation du travail en micro-tâches numériques et par un intense détachement en termes physiques, administratifs et temporels du travail comme l'on l'entend dans le sens commun, au point que le théoricien Vili Lehdonvirta, un de ses majeures définiteurs, le rapproche à un héritier du taylorisme du XIXe siècle en ce que, de même que celui-ci avait réduit le travail industriel en micro-unités, le micro-travail est défini par une réduction minimale du travail de l'information en micro-unités. En effet, le taylorisme est une théorie d’organisation du travail développée par F. W. Taylor (1856-1915) dans l’ouvrage « La Direction scientifique des entreprises » publié en 1911. Selon cet auteur, il faut améliorer la productivité des ouvriers en luttant contre leur flânerie. Il développe ainsi une méthode en trois axes. Ces trois éléments se retrouvent au sein des modalités de mise en œuvre du micro-travail. * Il y a tout d’abord une division horizontale du travail qui est cette parcellisation des tâches de travail élémentaires et basiques. * Ensuite il développe une division verticale du travail c’est-à-dire une séparation stricte entre le travail de conception et le travail d’exécution. Un bureau spécifique de conception développe l’organisation de l’exécutif. * Enfin, un salaire au rendement permettant un contrôle de temps d’exécution des tâches afin que celles-ci soient exécutées le plus rapidement possible. Le micro- travail s’inscrit dans une forme numérique du taylorisme que l’on peut qualifier de néo taylorisme ou taylorisme new age suite à la révolution numérique. C'est en fait une pratique qui s'est développée notamment à travers la plateforme Amazon Mechanical Turk (MTurk) à partir de 2005. Cette plateforme est définie comme une marketplace où l'on peut s'inscrire pour travailler en exécutant des micro-tâches à la demande ou, en langage technique, de (Human intelligence tasks), tels que rédiger de courts commentaires, cliquer, regarder des vidéos ou des photos, effectuer une présentation PowerPoint, traduire un texte, donner de la visibilité à un site Web, créer des playlists musicales, tagguer des images ou reconnaitre des visages ou des objets dans les photos. Pratiques qui peuvent être également mises en place par des utilisateurs non rémunérés. C’est là que se trouve un lien avec des plateformes de production participative (crowdsourcing) développées dans les années 2000 reposant sur une économie de la gratuité. À la différence des plateformes de production participative (crowdsourcing) développées dans les années 2000 et qui proposaient des tâches requérant un haut niveau de savoir-faire et de compétences, les plateformes de micro-travail font appel à une « main d'œuvre » non qualifiée en mesure d'exécuter des micro-tâches finalement très simples. Ainsi, le micro-travail se configure essentiellement, comme l'affirment le sociologue Antonio Casilli et d'autres, en tant qu'un « centre d'élevage d'algorithmes » : les micro-tâches exécutées sur ces plateformes ont pour premier but d'affiner la capacité d'élaboration des algorithmes, de les entrainer, voire d'apprendre aux machines à faire le travail à la place de l'homme. Ce cycle d'apprentissage supervisé est utilisé dans les applications d'intelligence artificielle utilisant des grandes bases de données(données massives ie Big data et apprentissage profond ie Deep learning). Aux micro-tâches s'appliquent des micro-paiements : certaines sont payées en centimes de dollars, un ou deux dollars pour les plus élaborées. L'institut américain Pew Research Center estime que les deux tiers des tâches proposées sur MTurk sont rémunérées moins de 10 centimes et la moyenne horaire de salaire était évaluée par des chercheurs à 1,38 dollar/heure en 2010, ce qui est très peu pour un travailleur américain, mais beaucoup pour l'Inde où le salaire minimum est de moins de deux euros par jour. Selon une étude de la Banque mondiale de 2013, il y aurait plus d’une centaine de plates-formes de micro-travail dans le monde, comptabilisant autour d'un million d’inscrits. Selon ces plateformes elles-mêmes, la somme des effectifs déclaré dépasserait en 2017 les 100 millions de travailleurs dans le monde. Une étude menée en 2019 estime qu’il y aurait près de 260 000 micro-travailleurs en France. Pour d’autres chercheurs, ce chiffre est exagéré et ils estiment plutôt aux alentours de 52 000 les micro-travailleurs réguliers. Les femmes représentent 56,1% d’entre eux selon un questionnaire de la plateforme Foule Factory ( plateforme de micro-travail recrutant exclusivement en France). Celui-ci rapporterait en moyenne 21 euros par mois aux micro-travailleurs. (fr)
  • Le micro-travail (ou microtravail), appelé aussi travail au clic ou microtasking (micro-tâche), désigne une pratique de travail à la tâche. Il est surtout caractérisé, selon certains chercheurs, par l'extreme parcellisation et standardisation du travail en micro-tâches numériques et par un intense détachement en termes physiques, administratifs et temporels du travail comme l'on l'entend dans le sens commun, au point que le théoricien Vili Lehdonvirta, un de ses majeures définiteurs, le rapproche à un héritier du taylorisme du XIXe siècle en ce que, de même que celui-ci avait réduit le travail industriel en micro-unités, le micro-travail est défini par une réduction minimale du travail de l'information en micro-unités. En effet, le taylorisme est une théorie d’organisation du travail développée par F. W. Taylor (1856-1915) dans l’ouvrage « La Direction scientifique des entreprises » publié en 1911. Selon cet auteur, il faut améliorer la productivité des ouvriers en luttant contre leur flânerie. Il développe ainsi une méthode en trois axes. Ces trois éléments se retrouvent au sein des modalités de mise en œuvre du micro-travail. * Il y a tout d’abord une division horizontale du travail qui est cette parcellisation des tâches de travail élémentaires et basiques. * Ensuite il développe une division verticale du travail c’est-à-dire une séparation stricte entre le travail de conception et le travail d’exécution. Un bureau spécifique de conception développe l’organisation de l’exécutif. * Enfin, un salaire au rendement permettant un contrôle de temps d’exécution des tâches afin que celles-ci soient exécutées le plus rapidement possible. Le micro- travail s’inscrit dans une forme numérique du taylorisme que l’on peut qualifier de néo taylorisme ou taylorisme new age suite à la révolution numérique. C'est en fait une pratique qui s'est développée notamment à travers la plateforme Amazon Mechanical Turk (MTurk) à partir de 2005. Cette plateforme est définie comme une marketplace où l'on peut s'inscrire pour travailler en exécutant des micro-tâches à la demande ou, en langage technique, de (Human intelligence tasks), tels que rédiger de courts commentaires, cliquer, regarder des vidéos ou des photos, effectuer une présentation PowerPoint, traduire un texte, donner de la visibilité à un site Web, créer des playlists musicales, tagguer des images ou reconnaitre des visages ou des objets dans les photos. Pratiques qui peuvent être également mises en place par des utilisateurs non rémunérés. C’est là que se trouve un lien avec des plateformes de production participative (crowdsourcing) développées dans les années 2000 reposant sur une économie de la gratuité. À la différence des plateformes de production participative (crowdsourcing) développées dans les années 2000 et qui proposaient des tâches requérant un haut niveau de savoir-faire et de compétences, les plateformes de micro-travail font appel à une « main d'œuvre » non qualifiée en mesure d'exécuter des micro-tâches finalement très simples. Ainsi, le micro-travail se configure essentiellement, comme l'affirment le sociologue Antonio Casilli et d'autres, en tant qu'un « centre d'élevage d'algorithmes » : les micro-tâches exécutées sur ces plateformes ont pour premier but d'affiner la capacité d'élaboration des algorithmes, de les entrainer, voire d'apprendre aux machines à faire le travail à la place de l'homme. Ce cycle d'apprentissage supervisé est utilisé dans les applications d'intelligence artificielle utilisant des grandes bases de données(données massives ie Big data et apprentissage profond ie Deep learning). Aux micro-tâches s'appliquent des micro-paiements : certaines sont payées en centimes de dollars, un ou deux dollars pour les plus élaborées. L'institut américain Pew Research Center estime que les deux tiers des tâches proposées sur MTurk sont rémunérées moins de 10 centimes et la moyenne horaire de salaire était évaluée par des chercheurs à 1,38 dollar/heure en 2010, ce qui est très peu pour un travailleur américain, mais beaucoup pour l'Inde où le salaire minimum est de moins de deux euros par jour. Selon une étude de la Banque mondiale de 2013, il y aurait plus d’une centaine de plates-formes de micro-travail dans le monde, comptabilisant autour d'un million d’inscrits. Selon ces plateformes elles-mêmes, la somme des effectifs déclaré dépasserait en 2017 les 100 millions de travailleurs dans le monde. Une étude menée en 2019 estime qu’il y aurait près de 260 000 micro-travailleurs en France. Pour d’autres chercheurs, ce chiffre est exagéré et ils estiment plutôt aux alentours de 52 000 les micro-travailleurs réguliers. Les femmes représentent 56,1% d’entre eux selon un questionnaire de la plateforme Foule Factory ( plateforme de micro-travail recrutant exclusivement en France). Celui-ci rapporterait en moyenne 21 euros par mois aux micro-travailleurs. (fr)
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  • Les invisibles, les travailleurs du clic : travailler plus pour micro gagner moins (fr)
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  • https://mobile.france.tv/slash/invisibles/saison-1/1274813-micro-travailler-plus-pour-micro-gagner-moins.html|site=france.tv (fr)
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  • Le micro-travail (ou microtravail), appelé aussi travail au clic ou microtasking (micro-tâche), désigne une pratique de travail à la tâche. Il est surtout caractérisé, selon certains chercheurs, par l'extreme parcellisation et standardisation du travail en micro-tâches numériques et par un intense détachement en termes physiques, administratifs et temporels du travail comme l'on l'entend dans le sens commun, au point que le théoricien Vili Lehdonvirta, un de ses majeures définiteurs, le rapproche à un héritier du taylorisme du XIXe siècle en ce que, de même que celui-ci avait réduit le travail industriel en micro-unités, le micro-travail est défini par une réduction minimale du travail de l'information en micro-unités. (fr)
  • Le micro-travail (ou microtravail), appelé aussi travail au clic ou microtasking (micro-tâche), désigne une pratique de travail à la tâche. Il est surtout caractérisé, selon certains chercheurs, par l'extreme parcellisation et standardisation du travail en micro-tâches numériques et par un intense détachement en termes physiques, administratifs et temporels du travail comme l'on l'entend dans le sens commun, au point que le théoricien Vili Lehdonvirta, un de ses majeures définiteurs, le rapproche à un héritier du taylorisme du XIXe siècle en ce que, de même que celui-ci avait réduit le travail industriel en micro-unités, le micro-travail est défini par une réduction minimale du travail de l'information en micro-unités. (fr)
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