Jusqu'au début du XXe siècle, de toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient, dès la fin du plus rude de l’hiver, vers les grandes villes de France ou les grands chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierres… « Maçons de la Creuse » est l'expression la plus souvent employée, car la Creuse est le département où ce phénomène migratoire fut, de loin, le plus important. Mais l'on parle parfois plus largement de « maçons limousins », car le même phénomène migratoire a également concerné l'est de la Haute-Vienne (de la région de Saint-Sulpice-les-Feuilles à celle d'Eymoutiers), ainsi qu'une partie du nord de la Corrèze (sud du plateau de Millevaches), selon le même principe et pour les

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  • Jusqu'au début du XXe siècle, de toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient, dès la fin du plus rude de l’hiver, vers les grandes villes de France ou les grands chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierres… « Maçons de la Creuse » est l'expression la plus souvent employée, car la Creuse est le département où ce phénomène migratoire fut, de loin, le plus important. Mais l'on parle parfois plus largement de « maçons limousins », car le même phénomène migratoire a également concerné l'est de la Haute-Vienne (de la région de Saint-Sulpice-les-Feuilles à celle d'Eymoutiers), ainsi qu'une partie du nord de la Corrèze (sud du plateau de Millevaches), selon le même principe et pour les mêmes travaux. C'est aussi pourquoi, sur les grands chantiers parisiens ou lyonnais, tous ces ouvriers étaient communément appelés « Limousins » ou encore « limousinants ». Ils ont ainsi donné leur nom à l'art de bâtir appelé limousinerie ou limousinage. On trouve déjà traces de maçons de la Marche à la fin du Moyen Âge, par exemple à la basilique Saint-Denis. Dès le XVIe siècle, ils sont nombreux à migrer. En 1627, M. de Pompadour, lieutenant général du Limousin, envoie, à la demande de Louis XIII, des maçons creusois travailler à la construction de la Digue de Richelieu de La Rochelle. Au XIXe siècle, apogée de la « migration maçonnante » qui compte jusqu’à 35 000 hommes, ils travaillent notamment à la construction du Paris du préfet Rambuteau puis du baron Haussmann. Après la Première Guerre mondiale, la dernière génération de maçons de la Creuse travaille activement à la reconstruction des villes sinistrées comme Reims, Saint-Quentin, Soissons, Epernay ou encore Fismes. Ayant atteint son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle (l'arrivée du chemin de fer favorisant la migration saisonnière), ce phénomène migratoire déclina au début du XXe siècle pour finalement disparaître durant l'entre-deux-guerres, époque à laquelle nombre d'émigrations creusoises devinrent définitives. Les maçons de la Creuse ont acquis sur les chantiers des idées socialistes et progressistes qu'ils ont massivement diffusées dans leur région d'origine, dès le milieu du 19e siècle. Ainsi la Creuse fut très tôt une terre de gauche largement déchristianisée et le terrain d'un communisme rural que les chercheurs étudient aujourd'hui. Les registres officiels prouvent la grande implication des maçons de la Creuse dans différents mouvements sociaux du 19e siècle, notamment durant la révolution de 1848 et durant la Commune de Paris (1871), épisodes au cours desquels nombre d'entre eux furent fusillés ou emprisonnés. D'après l'historien Alain Corbin, plus de 900 maçons creusois participèrent à la Commune de Paris, et environ 400 d'entre eux furent tués durant la Semaine sanglante. À partir du XIXe siècle, l'histoire des maçons de la Creuse se lie à celle de la franc-maçonnerie, nombre d'élus et entrepreneurs locaux, anciens maçons de la Creuse, devenant francs-maçons. Le plus célèbre d'entre eux étant sans aucun doute Martin Nadaud. (fr)
  • Jusqu'au début du XXe siècle, de toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient, dès la fin du plus rude de l’hiver, vers les grandes villes de France ou les grands chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierres… « Maçons de la Creuse » est l'expression la plus souvent employée, car la Creuse est le département où ce phénomène migratoire fut, de loin, le plus important. Mais l'on parle parfois plus largement de « maçons limousins », car le même phénomène migratoire a également concerné l'est de la Haute-Vienne (de la région de Saint-Sulpice-les-Feuilles à celle d'Eymoutiers), ainsi qu'une partie du nord de la Corrèze (sud du plateau de Millevaches), selon le même principe et pour les mêmes travaux. C'est aussi pourquoi, sur les grands chantiers parisiens ou lyonnais, tous ces ouvriers étaient communément appelés « Limousins » ou encore « limousinants ». Ils ont ainsi donné leur nom à l'art de bâtir appelé limousinerie ou limousinage. On trouve déjà traces de maçons de la Marche à la fin du Moyen Âge, par exemple à la basilique Saint-Denis. Dès le XVIe siècle, ils sont nombreux à migrer. En 1627, M. de Pompadour, lieutenant général du Limousin, envoie, à la demande de Louis XIII, des maçons creusois travailler à la construction de la Digue de Richelieu de La Rochelle. Au XIXe siècle, apogée de la « migration maçonnante » qui compte jusqu’à 35 000 hommes, ils travaillent notamment à la construction du Paris du préfet Rambuteau puis du baron Haussmann. Après la Première Guerre mondiale, la dernière génération de maçons de la Creuse travaille activement à la reconstruction des villes sinistrées comme Reims, Saint-Quentin, Soissons, Epernay ou encore Fismes. Ayant atteint son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle (l'arrivée du chemin de fer favorisant la migration saisonnière), ce phénomène migratoire déclina au début du XXe siècle pour finalement disparaître durant l'entre-deux-guerres, époque à laquelle nombre d'émigrations creusoises devinrent définitives. Les maçons de la Creuse ont acquis sur les chantiers des idées socialistes et progressistes qu'ils ont massivement diffusées dans leur région d'origine, dès le milieu du 19e siècle. Ainsi la Creuse fut très tôt une terre de gauche largement déchristianisée et le terrain d'un communisme rural que les chercheurs étudient aujourd'hui. Les registres officiels prouvent la grande implication des maçons de la Creuse dans différents mouvements sociaux du 19e siècle, notamment durant la révolution de 1848 et durant la Commune de Paris (1871), épisodes au cours desquels nombre d'entre eux furent fusillés ou emprisonnés. D'après l'historien Alain Corbin, plus de 900 maçons creusois participèrent à la Commune de Paris, et environ 400 d'entre eux furent tués durant la Semaine sanglante. À partir du XIXe siècle, l'histoire des maçons de la Creuse se lie à celle de la franc-maçonnerie, nombre d'élus et entrepreneurs locaux, anciens maçons de la Creuse, devenant francs-maçons. Le plus célèbre d'entre eux étant sans aucun doute Martin Nadaud. (fr)
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  • Le Puy-en-Velay (fr)
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  • in Cahiers de la Haute-Loire 2007 (fr)
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  • La construction à Champagnac-le-Vieux et dans ses environs au temps des chaumières et des maçons de la Marche (fr)
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  • Jusqu'au début du XXe siècle, de toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient, dès la fin du plus rude de l’hiver, vers les grandes villes de France ou les grands chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierres… « Maçons de la Creuse » est l'expression la plus souvent employée, car la Creuse est le département où ce phénomène migratoire fut, de loin, le plus important. Mais l'on parle parfois plus largement de « maçons limousins », car le même phénomène migratoire a également concerné l'est de la Haute-Vienne (de la région de Saint-Sulpice-les-Feuilles à celle d'Eymoutiers), ainsi qu'une partie du nord de la Corrèze (sud du plateau de Millevaches), selon le même principe et pour les (fr)
  • Jusqu'au début du XXe siècle, de toutes les communes du département de la Creuse, beaucoup d'hommes partaient, dès la fin du plus rude de l’hiver, vers les grandes villes de France ou les grands chantiers du bâtiment et des travaux publics pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur, tailleur de pierres… « Maçons de la Creuse » est l'expression la plus souvent employée, car la Creuse est le département où ce phénomène migratoire fut, de loin, le plus important. Mais l'on parle parfois plus largement de « maçons limousins », car le même phénomène migratoire a également concerné l'est de la Haute-Vienne (de la région de Saint-Sulpice-les-Feuilles à celle d'Eymoutiers), ainsi qu'une partie du nord de la Corrèze (sud du plateau de Millevaches), selon le même principe et pour les (fr)
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