Le liberum veto (formule dérivée d'une phrase en latin signifiant « j'interdis librement »), était un outil parlementaire de veto en usage dans la Diète (le Parlement) de la République des Deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie, unis par le traité de Lublin en 1569), entre 1651 et le 3 mai 1791 (date de la première constitution polonaise).

Property Value
dbo:abstract
  • Le liberum veto (formule dérivée d'une phrase en latin signifiant « j'interdis librement »), était un outil parlementaire de veto en usage dans la Diète (le Parlement) de la République des Deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie, unis par le traité de Lublin en 1569), entre 1651 et le 3 mai 1791 (date de la première constitution polonaise). Cet usage, fondé sur l'idée de l'égalité des nobles polonais entre eux, d'où ils tiraient le principe de l'unanimité du vote, autorisait un seul député à la Diète à imposer un arrêt immédiat de la session en cours en criant « Je n'autorise pas ! » (en polonais : Nie pozwalam !), reportant toutes les mesures prises à la tenue d'une nouvelle diète. Le principe du liberum veto, élément essentiel du système politique de la République des Deux Nations, instaurait un pouvoir de contrôle illimité du pouvoir central par la noblesse, à l'opposé des systèmes de monarchie absolue en France, Espagne, Autriche, Prusse ou Russie, mais aussi du système britannique, où le contrôle du pouvoir exécutif par le Parlement était fondé sur le vote à la majorité, permettant au gouvernement de faire son travail tant qu'il disposait du soutien de la majorité des députés. Les historiens considèrent l'usage du liberum veto comme la cause principale de la déliquescence de l'appareil politique de la République des Deux Nations et de son démembrement à la fin du XVIIIe siècle, lors des trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795). En effet, la turbulente noblesse polono-lituanienne, de moins en moins capable de s'entendre pour former un gouvernement, va faire un usage croissant du liberum veto au point de paralyser toute action gouvernementale. Durant la période 1573–1763, sur les 150 diètes qui ont été tenues, près d'un tiers ont échoué à passer une quelconque législation, principalement à cause du liberum veto. À partir de 1736, plus aucune diète n'est arrivée à son terme normal. Conséquence plus grave, les puissances voisines, principalement l'Empire Russe et la Prusse, mais aussi l'Autriche, ont profité du chaos régnant au sein de la Diète pour s'immiscer dans les affaires internes de l'Union. Le liberum veto était un moyen idéal car il suffisait de soudoyer un seul député pour faire échouer toute mesure contraire à leurs intérêts (un autre moyen était l'intervention dans l'élection du roi de Pologne durant chaque période d'interrègne). Selon l'historien Michel Mourre, « le plus extraordinaire est que, avec une disposition constitutionnelle aussi absurde, l'État polonais ait encore réussi à survivre pendant plus d'un siècle ». Dès le XVIIIe siècle, du reste, des penseurs et hommes politiques polonais considéraient le liberum veto comme néfaste et ont essayé de le supprimer : ces efforts ont abouti seulement en 1791 avec la constitution du 3 mai, qui n'a pas pu être appliquée très longtemps, puisqu'elle a provoqué la guerre russo-polonaise de 1792, première étape dans la disparition de la République en 1795. (fr)
  • Le liberum veto (formule dérivée d'une phrase en latin signifiant « j'interdis librement »), était un outil parlementaire de veto en usage dans la Diète (le Parlement) de la République des Deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie, unis par le traité de Lublin en 1569), entre 1651 et le 3 mai 1791 (date de la première constitution polonaise). Cet usage, fondé sur l'idée de l'égalité des nobles polonais entre eux, d'où ils tiraient le principe de l'unanimité du vote, autorisait un seul député à la Diète à imposer un arrêt immédiat de la session en cours en criant « Je n'autorise pas ! » (en polonais : Nie pozwalam !), reportant toutes les mesures prises à la tenue d'une nouvelle diète. Le principe du liberum veto, élément essentiel du système politique de la République des Deux Nations, instaurait un pouvoir de contrôle illimité du pouvoir central par la noblesse, à l'opposé des systèmes de monarchie absolue en France, Espagne, Autriche, Prusse ou Russie, mais aussi du système britannique, où le contrôle du pouvoir exécutif par le Parlement était fondé sur le vote à la majorité, permettant au gouvernement de faire son travail tant qu'il disposait du soutien de la majorité des députés. Les historiens considèrent l'usage du liberum veto comme la cause principale de la déliquescence de l'appareil politique de la République des Deux Nations et de son démembrement à la fin du XVIIIe siècle, lors des trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795). En effet, la turbulente noblesse polono-lituanienne, de moins en moins capable de s'entendre pour former un gouvernement, va faire un usage croissant du liberum veto au point de paralyser toute action gouvernementale. Durant la période 1573–1763, sur les 150 diètes qui ont été tenues, près d'un tiers ont échoué à passer une quelconque législation, principalement à cause du liberum veto. À partir de 1736, plus aucune diète n'est arrivée à son terme normal. Conséquence plus grave, les puissances voisines, principalement l'Empire Russe et la Prusse, mais aussi l'Autriche, ont profité du chaos régnant au sein de la Diète pour s'immiscer dans les affaires internes de l'Union. Le liberum veto était un moyen idéal car il suffisait de soudoyer un seul député pour faire échouer toute mesure contraire à leurs intérêts (un autre moyen était l'intervention dans l'élection du roi de Pologne durant chaque période d'interrègne). Selon l'historien Michel Mourre, « le plus extraordinaire est que, avec une disposition constitutionnelle aussi absurde, l'État polonais ait encore réussi à survivre pendant plus d'un siècle ». Dès le XVIIIe siècle, du reste, des penseurs et hommes politiques polonais considéraient le liberum veto comme néfaste et ont essayé de le supprimer : ces efforts ont abouti seulement en 1791 avec la constitution du 3 mai, qui n'a pas pu être appliquée très longtemps, puisqu'elle a provoqué la guerre russo-polonaise de 1792, première étape dans la disparition de la République en 1795. (fr)
dbo:country
dbo:thumbnail
dbo:wikiPageID
  • 3120092 (xsd:integer)
dbo:wikiPageLength
  • 17160 (xsd:nonNegativeInteger)
dbo:wikiPageRevisionID
  • 186656438 (xsd:integer)
dbo:wikiPageWikiLink
prop-fr:fr
  • Piotr Stefan Wandycz (fr)
  • Piotr Stefan Wandycz (fr)
prop-fr:lang
  • en (fr)
  • en (fr)
prop-fr:texte
  • Piotr Stefan Wandycz (fr)
  • Piotr Stefan Wandycz (fr)
prop-fr:trad
  • Piotr S. Wandycz (fr)
  • Piotr S. Wandycz (fr)
prop-fr:wikiPageUsesTemplate
dct:subject
rdfs:comment
  • Le liberum veto (formule dérivée d'une phrase en latin signifiant « j'interdis librement »), était un outil parlementaire de veto en usage dans la Diète (le Parlement) de la République des Deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie, unis par le traité de Lublin en 1569), entre 1651 et le 3 mai 1791 (date de la première constitution polonaise). (fr)
  • Le liberum veto (formule dérivée d'une phrase en latin signifiant « j'interdis librement »), était un outil parlementaire de veto en usage dans la Diète (le Parlement) de la République des Deux Nations (royaume de Pologne et grand-duché de Lituanie, unis par le traité de Lublin en 1569), entre 1651 et le 3 mai 1791 (date de la première constitution polonaise). (fr)
rdfs:label
  • Liberum Veto (de)
  • Liberum veto (es)
  • Liberum veto (fr)
  • Liberum veto (nl)
  • Liberum Veto (de)
  • Liberum veto (es)
  • Liberum veto (fr)
  • Liberum veto (nl)
rdfs:seeAlso
owl:sameAs
prov:wasDerivedFrom
foaf:depiction
foaf:isPrimaryTopicOf
is dbo:wikiPageRedirects of
is dbo:wikiPageWikiLink of
is oa:hasTarget of
is foaf:primaryTopic of