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- Les Six bagatelles, opus 126 pour piano sont composées par Ludwig van Beethoven en 1823-1824, à l'époque où il achève sa Symphonie n° 9. Il les présente à l'éditeur Schott à Mayence comme « très travaillées, voire probablement les meilleures que j'aie composées dans ce genre ». Schott les publie en 1825 avec une dédicace pour son frère Nikolaus Johann van Beethoven (1776-1848). En tête des esquisses, Beethoven précise qu'il s'agissait pour lui d'un cycle: « Cyclus von Kleinigkeiten ». Il les conçoit dans l'ordre où elles sont publiées et prend garde à la succession des tonalités. 1.
* sol majeur Andante con moto 2.
* sol mineur Allegro 3.
* mi bémol majeur Andante 4.
* si mineur Presto 5.
* sol majeur Quasi allegretto 6.
* mi bémol majeur Presto - andante amabile e con moto - Tempo Pour François-René Tranchefort, « les subtilités “miniaturistes” de ces instantanés étranges, fulgurants, visionnaires, que sont les pièces de l’op. 126, la diversité, l'incroyable densité du détail en chacune d'elles, fournissent un exemple sans pareil du dernier style beethovénien, — dans lequel s'allient à la perfection rigueur de la construction et libre aisance de l'écriture en des micros-ensembles dont on pénètre difficilement la complexité. » « Voyez le ciel innocent du début de la Ire Bagatelle. Mais il faut un rien pour qu'il se trouble. Ne craignez pourtant pas que, comme dans les œuvres anciennes, il risque jamais d'être envahi par la pathos et l'émotion indiscrète. Une suprême maîtrise de l'art distribue les nuances avec justesse et précision; jamais Beethoven n'a su attacher tant de prix au détail […]. Que l'ordre de ces six “Stimmungsbilder” si variés ait été, non fortuit, mais médité, nous autorise à y chercher le déroulement d'une journée de l'âme de Beethoven, et la succession de ses associations de sentiments. Nous y lisons bien plus nettement que dans les grandes œuvres, qui obéissent à leur plan impérieux, la mobilité extrême de cet esprit, capable de goûter la paix la plus pure et ses délices, mais dont la porte est constamment ouverte aux souffles de l'inquiétude (2e Bagatelle), — le chanteur mélodieux qui, autour de son chant, se plaît à écouter bruire la forêt des harmoniques (3e Bagatelle). Il y a dans ces petits morceaux bien des annonces des derniers quatuors. Le plus frappant peut-être, le trio de la 4e Bagatelle, où sur une pédale profonde en si la mélodie précipitée volette dans les espaces nocturnes, y monte par coups d'ailes entrecoupés, et finit par s'y perdre, — ou redescend en planant et s'apaise. C'est la première des crises d'extase qui saisissent Beethoven, dans ses trios-scherzos des quatuors op. 132, op. 135, ces rondes vertigineuses des étoiles, qui contrastent et s'associent avec des mouvements sauvages et élémentaires. — Les esquisses, qui dans l'ensemble ont été assez exactement suivies, étaient plus abondantes que le texte définitif; quand celui-ci s'en est écarté, c'est plutôt, semble-t-il, pour accentuer la brusquerie des contrastes, comme dans la 6e Bagatelle, pour laquelle Beethoven paraissait avoir conçu d'abord un prélude sous forme d’Arie, noble et compassé (p. 204 de Nottebohm), et qui nous présente maintenant la violente cassure d'un presto emporté, qui ouvre et qui ferme les portes d'un andante nostalgique et capricieux. » — Romain Rolland (fr)
- Les Six bagatelles, opus 126 pour piano sont composées par Ludwig van Beethoven en 1823-1824, à l'époque où il achève sa Symphonie n° 9. Il les présente à l'éditeur Schott à Mayence comme « très travaillées, voire probablement les meilleures que j'aie composées dans ce genre ». Schott les publie en 1825 avec une dédicace pour son frère Nikolaus Johann van Beethoven (1776-1848). En tête des esquisses, Beethoven précise qu'il s'agissait pour lui d'un cycle: « Cyclus von Kleinigkeiten ». Il les conçoit dans l'ordre où elles sont publiées et prend garde à la succession des tonalités. 1.
* sol majeur Andante con moto 2.
* sol mineur Allegro 3.
* mi bémol majeur Andante 4.
* si mineur Presto 5.
* sol majeur Quasi allegretto 6.
* mi bémol majeur Presto - andante amabile e con moto - Tempo Pour François-René Tranchefort, « les subtilités “miniaturistes” de ces instantanés étranges, fulgurants, visionnaires, que sont les pièces de l’op. 126, la diversité, l'incroyable densité du détail en chacune d'elles, fournissent un exemple sans pareil du dernier style beethovénien, — dans lequel s'allient à la perfection rigueur de la construction et libre aisance de l'écriture en des micros-ensembles dont on pénètre difficilement la complexité. » « Voyez le ciel innocent du début de la Ire Bagatelle. Mais il faut un rien pour qu'il se trouble. Ne craignez pourtant pas que, comme dans les œuvres anciennes, il risque jamais d'être envahi par la pathos et l'émotion indiscrète. Une suprême maîtrise de l'art distribue les nuances avec justesse et précision; jamais Beethoven n'a su attacher tant de prix au détail […]. Que l'ordre de ces six “Stimmungsbilder” si variés ait été, non fortuit, mais médité, nous autorise à y chercher le déroulement d'une journée de l'âme de Beethoven, et la succession de ses associations de sentiments. Nous y lisons bien plus nettement que dans les grandes œuvres, qui obéissent à leur plan impérieux, la mobilité extrême de cet esprit, capable de goûter la paix la plus pure et ses délices, mais dont la porte est constamment ouverte aux souffles de l'inquiétude (2e Bagatelle), — le chanteur mélodieux qui, autour de son chant, se plaît à écouter bruire la forêt des harmoniques (3e Bagatelle). Il y a dans ces petits morceaux bien des annonces des derniers quatuors. Le plus frappant peut-être, le trio de la 4e Bagatelle, où sur une pédale profonde en si la mélodie précipitée volette dans les espaces nocturnes, y monte par coups d'ailes entrecoupés, et finit par s'y perdre, — ou redescend en planant et s'apaise. C'est la première des crises d'extase qui saisissent Beethoven, dans ses trios-scherzos des quatuors op. 132, op. 135, ces rondes vertigineuses des étoiles, qui contrastent et s'associent avec des mouvements sauvages et élémentaires. — Les esquisses, qui dans l'ensemble ont été assez exactement suivies, étaient plus abondantes que le texte définitif; quand celui-ci s'en est écarté, c'est plutôt, semble-t-il, pour accentuer la brusquerie des contrastes, comme dans la 6e Bagatelle, pour laquelle Beethoven paraissait avoir conçu d'abord un prélude sous forme d’Arie, noble et compassé (p. 204 de Nottebohm), et qui nous présente maintenant la violente cassure d'un presto emporté, qui ouvre et qui ferme les portes d'un andante nostalgique et capricieux. » — Romain Rolland (fr)
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