Près d’un million de prisonniers de guerre allemands (PGA) ont été conservés en détention en France après la fin de la guerre pendant dix ans, en violation des Conventions de Genève et du statut des prisonniers de guerre, et astreints au travail forcé dans l'agriculture et les mines.

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  • Près d’un million de prisonniers de guerre allemands (PGA) ont été conservés en détention en France après la fin de la guerre pendant dix ans, en violation des Conventions de Genève et du statut des prisonniers de guerre, et astreints au travail forcé dans l'agriculture et les mines. L’effectif maximum de prisonniers allemands détenus sur le territoire français fut atteint en octobre 1945 avec 750 000 Allemands alors présents. À titre de comparaison, sont détenus en France, en ce même mois d'octobre 1945, seulement 50 500 prisonniers italiens, 50 000 Autrichiens, 10 000 Hongrois et quelques milliers de Roumains. Tous ces prisonniers seront libérés dès 1946 à la différence des Allemands. Au cours des quatre années de détention, les prisonniers de guerre allemands furent en grande partie affectés à des travaux dans deux secteurs d’activité économique jugés prioritaires par le gouvernement : l’agriculture et dans une moindre mesure, l’extraction minière. La détention de ces hommes était gérée par le Service des Prisonniers de guerre, lequel fut successivement dirigé par le général Boisseau puis par le général Buisson. L'exploitation économique des prisonniers nécessita le concours de la plupart des ministères  ; en premier lieu, celui du ministère du Travail. Selon Alexandre Parodi, ministre du travail en 1945, il s'agit, par cette politique de travail forcé, de « mettre sérieusement et pour longtemps au travail dans l’intérêt du pays des centaines de milliers de prisonniers de guerre (...). La seule valeur qui compte actuellement est le travail et il faut être absolument convaincu que sans le travail de 1 million et demi ou de 2 millions de prisonniers de guerre allemands pendant 5 à 10 ans, la France dans un état de délabrement depuis 30 ans et de plus, maintenant pillée, dévastée, ruinée, ne pourra retrouver sa prospérité en profondeur ». Son propos, quoique emphatique et bien qu'il surestime le nombre de prisonniers amenés à travailler et leur durée de détention, permet de se faire une idée de l'état d'esprit qui était alors celui des autorités. Cet épisode historique de la détention des prisonniers allemands peut être considéré comme un épisode majeur de l'histoire contemporaine française, non seulement du fait du nombre important d’hommes mobilisés, mais aussi du fait de l’importante contribution économique des prisonniers au redressement d’une économie française alors mise à mal par six années de guerre. À titre d’exemple, on estime que les prisonniers allemands ont extrait jusqu’au tiers de la production française de charbon. Il est à noter que la détention des prisonniers de guerre allemand fut, à l’époque, l’objet de polémiques, lesquelles portèrent sur les conditions de détention puis sur la validité même de cette détention. À l’initiative de la presse française, une première vague de polémiques eut lieu à l'automne 1945 : était alors notamment mis en cause le taux de mortalité élevé parmi les prisonniers, taux dont certains tinrent pour responsables mauvais traitements et conditions de détention déplorables. Une seconde campagne de presse suivit peu de temps après, campagne d'envergure cette fois-ci internationale et soutenue par les autorités et par la presse américaines. Les autorités américaines, qui s’étaient engagées à livrer aux autorités françaises une partie des prisonniers allemands sous leur autorité en vue de leur mise au travail en France, prirent alors prétexte de rapports alarmants du Comité international de la Croix-Rouge sur la situation des PG en France pour suspendre toute livraison de prisonniers et exiger des rétrocessions. Les livraisons de prisonniers par les autorités américaines reprirent néanmoins début 1946. Dans les faits, le taux élevé de mortalité observé au cours de l’année 1945 semblent surtout à imputer à la désorganisation administrative et économique qui régnait alors en France au sortir de la guerre. Du reste, les conditions de détention se sont substantiellement améliorées à partir de 1946, les autorités françaises ayant été soucieuses de soigner leur image auprès de l’opinion publique internationale (le général de Gaulle lui-même s'inquiéta des impacts de cette campagne de presse sur la réputation de la France), soucieuses de tirer de ces prisonniers le maximum de rendement économique en les traitant, pour ce faire, au mieux et soucieuses, à partir de 1946 et 1947, de susciter le plus grand nombre de candidats parmi ces prisonniers à qui elles proposaient désormais de demeurer en France en la qualité de salarié (système dit du travail libre). Au total, ce sont près de 20 000 prisonniers allemands qui décéderont au cours de leur captivité. Exception faite des prisonniers condamnés pour des délits de droit commun, l’ensemble des prisonniers allemands fut libéré au plus tard fin 1948, conformément à des accords internationaux régissant la détention des prisonniers allemands. D'aucuns estiment que 30 000 Allemands firent le choix de demeurer en France à l’issue de leur détention. En dépit de l’apport économique considérable du travail de ces hommes et de son possible impact culturel (durant quatre années, Allemands et Français eurent à se côtoyer, notamment dans les campagnes françaises, dans le cadre de rapports professionnels), l’épisode de la détention des prisonniers de guerre allemands semble avoir été oublié des mémoires collectives française et allemande. Les historiens – français en premier lieu – semblent s’être également désintéressés de l'événement. La concurrence d’autres événements contemporains – à la charge symbolique plus importante – et l’éventuelle nécessité de passer sous silence la mise au travail forcé d’un million d’Allemands à l’heure où, au cours des décennies suivantes, l'on assistait au rapprochement franco-allemand et à la construction européenne expliquent peut-être cet état de fait. (fr)
  • Près d’un million de prisonniers de guerre allemands (PGA) ont été conservés en détention en France après la fin de la guerre pendant dix ans, en violation des Conventions de Genève et du statut des prisonniers de guerre, et astreints au travail forcé dans l'agriculture et les mines. L’effectif maximum de prisonniers allemands détenus sur le territoire français fut atteint en octobre 1945 avec 750 000 Allemands alors présents. À titre de comparaison, sont détenus en France, en ce même mois d'octobre 1945, seulement 50 500 prisonniers italiens, 50 000 Autrichiens, 10 000 Hongrois et quelques milliers de Roumains. Tous ces prisonniers seront libérés dès 1946 à la différence des Allemands. Au cours des quatre années de détention, les prisonniers de guerre allemands furent en grande partie affectés à des travaux dans deux secteurs d’activité économique jugés prioritaires par le gouvernement : l’agriculture et dans une moindre mesure, l’extraction minière. La détention de ces hommes était gérée par le Service des Prisonniers de guerre, lequel fut successivement dirigé par le général Boisseau puis par le général Buisson. L'exploitation économique des prisonniers nécessita le concours de la plupart des ministères  ; en premier lieu, celui du ministère du Travail. Selon Alexandre Parodi, ministre du travail en 1945, il s'agit, par cette politique de travail forcé, de « mettre sérieusement et pour longtemps au travail dans l’intérêt du pays des centaines de milliers de prisonniers de guerre (...). La seule valeur qui compte actuellement est le travail et il faut être absolument convaincu que sans le travail de 1 million et demi ou de 2 millions de prisonniers de guerre allemands pendant 5 à 10 ans, la France dans un état de délabrement depuis 30 ans et de plus, maintenant pillée, dévastée, ruinée, ne pourra retrouver sa prospérité en profondeur ». Son propos, quoique emphatique et bien qu'il surestime le nombre de prisonniers amenés à travailler et leur durée de détention, permet de se faire une idée de l'état d'esprit qui était alors celui des autorités. Cet épisode historique de la détention des prisonniers allemands peut être considéré comme un épisode majeur de l'histoire contemporaine française, non seulement du fait du nombre important d’hommes mobilisés, mais aussi du fait de l’importante contribution économique des prisonniers au redressement d’une économie française alors mise à mal par six années de guerre. À titre d’exemple, on estime que les prisonniers allemands ont extrait jusqu’au tiers de la production française de charbon. Il est à noter que la détention des prisonniers de guerre allemand fut, à l’époque, l’objet de polémiques, lesquelles portèrent sur les conditions de détention puis sur la validité même de cette détention. À l’initiative de la presse française, une première vague de polémiques eut lieu à l'automne 1945 : était alors notamment mis en cause le taux de mortalité élevé parmi les prisonniers, taux dont certains tinrent pour responsables mauvais traitements et conditions de détention déplorables. Une seconde campagne de presse suivit peu de temps après, campagne d'envergure cette fois-ci internationale et soutenue par les autorités et par la presse américaines. Les autorités américaines, qui s’étaient engagées à livrer aux autorités françaises une partie des prisonniers allemands sous leur autorité en vue de leur mise au travail en France, prirent alors prétexte de rapports alarmants du Comité international de la Croix-Rouge sur la situation des PG en France pour suspendre toute livraison de prisonniers et exiger des rétrocessions. Les livraisons de prisonniers par les autorités américaines reprirent néanmoins début 1946. Dans les faits, le taux élevé de mortalité observé au cours de l’année 1945 semblent surtout à imputer à la désorganisation administrative et économique qui régnait alors en France au sortir de la guerre. Du reste, les conditions de détention se sont substantiellement améliorées à partir de 1946, les autorités françaises ayant été soucieuses de soigner leur image auprès de l’opinion publique internationale (le général de Gaulle lui-même s'inquiéta des impacts de cette campagne de presse sur la réputation de la France), soucieuses de tirer de ces prisonniers le maximum de rendement économique en les traitant, pour ce faire, au mieux et soucieuses, à partir de 1946 et 1947, de susciter le plus grand nombre de candidats parmi ces prisonniers à qui elles proposaient désormais de demeurer en France en la qualité de salarié (système dit du travail libre). Au total, ce sont près de 20 000 prisonniers allemands qui décéderont au cours de leur captivité. Exception faite des prisonniers condamnés pour des délits de droit commun, l’ensemble des prisonniers allemands fut libéré au plus tard fin 1948, conformément à des accords internationaux régissant la détention des prisonniers allemands. D'aucuns estiment que 30 000 Allemands firent le choix de demeurer en France à l’issue de leur détention. En dépit de l’apport économique considérable du travail de ces hommes et de son possible impact culturel (durant quatre années, Allemands et Français eurent à se côtoyer, notamment dans les campagnes françaises, dans le cadre de rapports professionnels), l’épisode de la détention des prisonniers de guerre allemands semble avoir été oublié des mémoires collectives française et allemande. Les historiens – français en premier lieu – semblent s’être également désintéressés de l'événement. La concurrence d’autres événements contemporains – à la charge symbolique plus importante – et l’éventuelle nécessité de passer sous silence la mise au travail forcé d’un million d’Allemands à l’heure où, au cours des décennies suivantes, l'on assistait au rapprochement franco-allemand et à la construction européenne expliquent peut-être cet état de fait. (fr)
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  • Les cahiers d'histoire. Revue d’histoire critique (fr)
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  • Les camps de prisonniers de guerre de l'Axe à Rennes (fr)
  • Les prisonniers de guerre allemands en France 1944-1948. La Marche de l'Histoire (fr)
  • Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises dans les mémoires nationales en France et en Allemagne après 1945 (fr)
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  • Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises dans les mémoires nationales en France et en Allemagne après 1945 (fr)
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  • Heimkehr, les retours des prisonniers de guerre allemands, de 1945 à 1956 (fr)
  • Heimkehr, les retours des prisonniers de guerre allemands, de 1945 à 1956 (fr)
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  • La captivité des prisonniers de guerre (fr)
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  • Presses universitaires de Renne (fr)
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