Jean Marie Joseph Louis Quarré de Château-Regnault d’Aligny (1909-1991), dit Jean d'Aligny, alias « Nano », comte d'Aligny, est un résistant français qui a agi dans différents réseaux de résistance : camouflage du matériel, Corps franc Pommiès, réseau SOE section F PRUNUS. Opérant depuis son château d'Esquiré, à Fonsorbes (Haute-Garonne), il est arrêté le 15 avril 1943 par la Gestapo, déporté à Buchenwald puis à Natzweiler-Struthof et libéré en mai 1945 au camp de Dachau.Même s'il déclare n'avoir joué qu'un rôle modeste dans la Résistance en Haute-Garonne, d'Aligny a été un appui local important d'acteurs de premier plan comme Émile Mollard, André Pommiès, Marcel Tailllandier et le S.O.E.. Les enregistrements sonores que Daniel Latapie, historien archiviste de la Résistance en Haute-Garonn

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  • Jean Marie Joseph Louis Quarré de Château-Regnault d’Aligny (1909-1991), dit Jean d'Aligny, alias « Nano », comte d'Aligny, est un résistant français qui a agi dans différents réseaux de résistance : camouflage du matériel, Corps franc Pommiès, réseau SOE section F PRUNUS. Opérant depuis son château d'Esquiré, à Fonsorbes (Haute-Garonne), il est arrêté le 15 avril 1943 par la Gestapo, déporté à Buchenwald puis à Natzweiler-Struthof et libéré en mai 1945 au camp de Dachau.Même s'il déclare n'avoir joué qu'un rôle modeste dans la Résistance en Haute-Garonne, d'Aligny a été un appui local important d'acteurs de premier plan comme Émile Mollard, André Pommiès, Marcel Tailllandier et le S.O.E.. Les enregistrements sonores que Daniel Latapie, historien archiviste de la Résistance en Haute-Garonne, a pu obtenir de d'Aligny, en surmontant sa réserve et sa discrétion, sont un témoignage fort d'une morale en action dans la Résistance. Ils sont conservés aux Archives départementales de la Haute-Garonne. Des extraits transcrits en sont livrés dans le texte qui suit. (fr)
  • Jean Marie Joseph Louis Quarré de Château-Regnault d’Aligny (1909-1991), dit Jean d'Aligny, alias « Nano », comte d'Aligny, est un résistant français qui a agi dans différents réseaux de résistance : camouflage du matériel, Corps franc Pommiès, réseau SOE section F PRUNUS. Opérant depuis son château d'Esquiré, à Fonsorbes (Haute-Garonne), il est arrêté le 15 avril 1943 par la Gestapo, déporté à Buchenwald puis à Natzweiler-Struthof et libéré en mai 1945 au camp de Dachau.Même s'il déclare n'avoir joué qu'un rôle modeste dans la Résistance en Haute-Garonne, d'Aligny a été un appui local important d'acteurs de premier plan comme Émile Mollard, André Pommiès, Marcel Tailllandier et le S.O.E.. Les enregistrements sonores que Daniel Latapie, historien archiviste de la Résistance en Haute-Garonne, a pu obtenir de d'Aligny, en surmontant sa réserve et sa discrétion, sont un témoignage fort d'une morale en action dans la Résistance. Ils sont conservés aux Archives départementales de la Haute-Garonne. Des extraits transcrits en sont livrés dans le texte qui suit. (fr)
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  • Jean d’Aligny : ils nous ont rangés face au mur et sont montés dans la chambre. Ils ont eu juste le temps de monter et de redescendre l’escalier avec la valise du poste émetteur. Daniel Latapie : Ils sont allés droit au poste émetteur ? Jean d’Aligny : Droit. Daniel Latapie : Ils savaient donc où il était ? Jean d’Aligny : Ils savaient où il était. Ils avaient été droit au poste émetteur qui était sous le lit de Michel. Michel était impardonnable parce que j’avais recommandé à Michel et au régisseur d’amener le poste aussitôt que les émissions étaient terminées dans une planque que nous avions arrangée loin de la maison à 350 ou 400 m. Quand ils sont descendus avec la valise du poste, Bobby m’appelle. Il s’était installé dans un fauteuil à côté du poêle dans la salle à manger. Ma salle à manger, c’était un ancien billard que j’avais transformé en salle à manger dans laquelle il y avait une table extrêmement longue parce que nous étions tous très nombreux. D’un côté il y avait un drapeau français qui était pendu puis un poêle allemand avec deux fauteuils de chaque côté, la table avec des chaises. Moi, j’étais au bout tout à fait de cette table. Bobby m’appelle et me dit : « vous allez m’expliquer ce qu’il y a dans cette valise ». Je lui dis : « qu’est-ce que c’est que cette valise ? ». Lui : « cette valise, qu'y a-t-il dedans ? ». Moi : « rien, je ne sais pas ». Lui : « qu’est-ce que c’est que ça ! Des écouteurs ! Et ça ? » Puis il ajoute : « et alors ? ». Moi : « j’aime mieux être encore à ma place qu’à la vôtre parce que vous êtes Français et que vous jouez un bien vilain jeu ». Lui : « je ne suis pas Français ». Moi : « Oh, ne me racontez pas d’histoire, les Allemands ont toujours un peu d’accent qui permet de les déceler. Vous, vous n’avez pas ce fonds d’accent. Vous êtes un Français et le rôle que vous jouez là est ignoble. J’aime mieux encore être dans ma position que dans la vôtre. » Ce type ne m’a pas plu. Je l’ai vu une ou deux fois pendant mon interrogatoire et c’est tout. Jamais il ne m’a battu. Après cela on nous a amenés. Il y a eu l’histoire des types qui se sont évadés. J’aurais pu m’évader moi aussi et puis je me suis dit : « foutre le camp, ce serait abandonner tous ces types. Je n’ai pas le droit. Je suis le patron, je reste avec ». Je trouvais que ça aurait été odieux de les plaquer. Et alors, ça a été les interrogatoires. Alors, j’avoue franchement que les interrogatoires pour moi ça a été horriblement pénible pour ne pas parler. Je l’avoue franchement, j’aurais fini par craquer si je n'avais pas été dans la situation d'un bonhomme descendant d’une famille honorable que je ne voulais pas disqualifier. Et puis, j’étais catholique, et la prière m’a rendu grand service. Je préférerais encore maintenant passer deux ans dans le pire des camps que de repasser par l’un des interrogatoires que j’ai subis ! Encore maintenant, je ressens la trouille d'en parler. D. L. Ils vous ont battu ? J. d’A. Mais bien sûr, bien sûr. Mais alors là ! Il y avait deux ou trois types qui étaient dans la tour avec moi. La première fois que j’ai été interrogé et qu’on est venu m’aider à recoller ma chemise, j’ai très bien senti que ça les avait vraiment traumatisés. D. L. On vous avait battu au nerf de bœuf ? thumb|Ancien siège de la Gestapo à Toulouse, « Hautes grilles et jardins isolent le luxueux hôtel où s'est installée la Gestapo. Demeure mystérieuse qu'évitent les passants, d'où rien ne transpire sinon la terreur » d’A. Oui, oui. Et alors, la chemise complètement collée, pleine de sang, etc. Alors, ça les avait impressionnés. Alors, je me vois encore faire un effort. Alain que j’avais vu un peu tremblant, je lui dis : « tu sais c’est grave, c’est ennuyeux. Maintenant dis toi une chose, c’est que si l’un de vous parle, c’est moi qui me charge de l’étrangler. Je me charge de l’étrangler. » Alors tous mes types ont été parfaitement bien, personne n’a rien dit ! D. L. Est-ce que vous vous souvenez des noms de ceux qui vous ont torturé là-bas ? J. d’A. Oh non ! Et puis même, vous voulez que je vous dise une chose. Je n’ai plus beaucoup de mémoire mais je me suis appliqué à perdre la mémoire à ce moment-là parce que j’en avais des noms qui trottaient dans ma tête et que j’essayais d’oublier. J’allais omettre de vous raconter ce qui m’est arrivé tout à fait au début de notre arrestation. Ils m’ont amené dans une salle où ils interrogeaient, à côté du poste de garde de Furgole, de la prison Furgole. Ils étaient quatre ou cinq. Ils avaient trouvé un coffre-fort américain chez moi. Mon père l’avait acheté au surplus américain mais nous n’avions pas été foutus de l’ouvrir. Alors, ils m’ont demandé le secret de ce machin et les clefs. Ils m’avaient barboté les clés dans les poches. Je leur ai dit que je n’avais jamais été foutu d’ouvrir ce machin là. D. L. Ils ne l’ont pas cru ? J. d’A. Non, ils ne l’ont pas cru. Alors, ils ont commencé à me cogner dessus. Je leur ai dit : « ce n’est pas la peine de cogner, c’est idiot, faites le sauter, je vous en donne l’autorisation ». Ils se sont mis à cogner de plus belle. Ils étaient quatre ou cinq. Quatre étaient costauds. Je ne sais pas si vous vous êtes bagarré dans la vie ? Vous acceptez qu’un balèze vous foute des ramponneaux mais quand vous voyez parmi eux un type qui tient debout par miracle, alors ce type, je l’avais pris et l’avais balancé dans une porte. C’était fou. Vous vous rendez compte, un type qui était en liberté quelques jours avant et qui reçoit une pelée comme celle que l’on me flanquait sans rien dire, ça n’existe pas ! Je l’ai bousculé, je l’ai envoyé dans une porte et ce type, je l’ai revu tout de suite après, tout sanguinolent. Je me suis dit : « maintenant ton affaire est claire. C’est bon à savoir. Tu en as foutu un en l’air, il ne te reste plus qu’à foutre les autres en l’air ! ». Les types voyant que j’étais devenu complètement marteau, se sont réfugiés derrière le bureau qui était là et ding, ding, ils ont sonné. Deux types sont venus me cueillir par les épaules par derrière. Il vaut mieux ne pas enregistrer le reste. Ensuite on m’a amené. On m’a fait sortir dans la cour. J’avais vu qu’il y avait une tâche noire contre le mur. Je me suis dit : « c’est là que l’on va te fusiller ». Il y avait ce jour-là un beau soleil, un coin de ciel bleu, les feuilles frétillaient un peu. Il y avait aussi un tic nerveux qui révélait ma terreur de la mort. J’essayais de le camoufler. Je voulais mourir en, comment dirais-je, en beauté. Je me dépêchai de foncer vers le mur pour que mon tic n’apparaisse pas trop. À ce moment-là, on m’a flanqué des coups de pieds dans les ..., dans les chevilles, et on m’a ramené à la tour. Quand on a tourné les deux tours de clé, j’étais content. J’ai respiré un bon coup et j’étais content. L’après-midi, ils m’ont amené à la Gestapo. Là, on avait une menotte à l’endroit, une menotte à l’envers. On m’a fait mettre à genoux à côté du standard, sur les menottes. Et puis toute la journée, j’ai été obligé de subir les coups de pieds et les coups des types de la Gestapo qui entraient et qui sortaient de la rue Maignac. J’étais complètement dans les vapeurs à cause des coups :  dès que je tombais on me tenait de nouveau par les cheveux pour que les autres puissent aussi prendre une petite revanche. À un moment donné est entré, nous étions juste en face de la porte d’entrée, un monsieur que je connaissais parfaitement. Mais je n’étais plus foutu, tellement j’étais dans les vapeurs, de mettre un nom sur lui mais je savais qu’il était au courant de pas mal de mes secrets. Alors je le regardais méchamment en me disant, en voilà un qui est un type de la Gestapo, qui est en contact avec eux et à qui tu as fait confiance. Ça va être encore une chose. Et alors, ce type me regarde un long moment et puis ça n’a été qu’au bout d’un moment qu’il m’a fait un petit signe d’amitié. Il m’a reconnu à la fin. C’était l’intendant Danglade qui, sollicité par mes parents, était venu faire une intervention pour essayer de me tirer des griffes de la Gestapo. Il était revenu ensuite voir mes parents, il leur avait dit : « vous savez, j’ai essayé mais il n’y a rien à faire, il sera fusillé » Danglade était un bonhomme ! Qu’est-ce que je l’ai vu pleurer le jour où les Allemands ont occupé Toulouse ! J’ai vu Danglade pleurer ... (fr)
  • Jean d’Aligny : ils nous ont rangés face au mur et sont montés dans la chambre. Ils ont eu juste le temps de monter et de redescendre l’escalier avec la valise du poste émetteur. Daniel Latapie : Ils sont allés droit au poste émetteur ? Jean d’Aligny : Droit. Daniel Latapie : Ils savaient donc où il était ? Jean d’Aligny : Ils savaient où il était. Ils avaient été droit au poste émetteur qui était sous le lit de Michel. Michel était impardonnable parce que j’avais recommandé à Michel et au régisseur d’amener le poste aussitôt que les émissions étaient terminées dans une planque que nous avions arrangée loin de la maison à 350 ou 400 m. Quand ils sont descendus avec la valise du poste, Bobby m’appelle. Il s’était installé dans un fauteuil à côté du poêle dans la salle à manger. Ma salle à manger, c’était un ancien billard que j’avais transformé en salle à manger dans laquelle il y avait une table extrêmement longue parce que nous étions tous très nombreux. D’un côté il y avait un drapeau français qui était pendu puis un poêle allemand avec deux fauteuils de chaque côté, la table avec des chaises. Moi, j’étais au bout tout à fait de cette table. Bobby m’appelle et me dit : « vous allez m’expliquer ce qu’il y a dans cette valise ». Je lui dis : « qu’est-ce que c’est que cette valise ? ». Lui : « cette valise, qu'y a-t-il dedans ? ». Moi : « rien, je ne sais pas ». Lui : « qu’est-ce que c’est que ça ! Des écouteurs ! Et ça ? » Puis il ajoute : « et alors ? ». Moi : « j’aime mieux être encore à ma place qu’à la vôtre parce que vous êtes Français et que vous jouez un bien vilain jeu ». Lui : « je ne suis pas Français ». Moi : « Oh, ne me racontez pas d’histoire, les Allemands ont toujours un peu d’accent qui permet de les déceler. Vous, vous n’avez pas ce fonds d’accent. Vous êtes un Français et le rôle que vous jouez là est ignoble. J’aime mieux encore être dans ma position que dans la vôtre. » Ce type ne m’a pas plu. Je l’ai vu une ou deux fois pendant mon interrogatoire et c’est tout. Jamais il ne m’a battu. Après cela on nous a amenés. Il y a eu l’histoire des types qui se sont évadés. J’aurais pu m’évader moi aussi et puis je me suis dit : « foutre le camp, ce serait abandonner tous ces types. Je n’ai pas le droit. Je suis le patron, je reste avec ». Je trouvais que ça aurait été odieux de les plaquer. Et alors, ça a été les interrogatoires. Alors, j’avoue franchement que les interrogatoires pour moi ça a été horriblement pénible pour ne pas parler. Je l’avoue franchement, j’aurais fini par craquer si je n'avais pas été dans la situation d'un bonhomme descendant d’une famille honorable que je ne voulais pas disqualifier. Et puis, j’étais catholique, et la prière m’a rendu grand service. Je préférerais encore maintenant passer deux ans dans le pire des camps que de repasser par l’un des interrogatoires que j’ai subis ! Encore maintenant, je ressens la trouille d'en parler. D. L. Ils vous ont battu ? J. d’A. Mais bien sûr, bien sûr. Mais alors là ! Il y avait deux ou trois types qui étaient dans la tour avec moi. La première fois que j’ai été interrogé et qu’on est venu m’aider à recoller ma chemise, j’ai très bien senti que ça les avait vraiment traumatisés. D. L. On vous avait battu au nerf de bœuf ? thumb|Ancien siège de la Gestapo à Toulouse, « Hautes grilles et jardins isolent le luxueux hôtel où s'est installée la Gestapo. Demeure mystérieuse qu'évitent les passants, d'où rien ne transpire sinon la terreur » d’A. Oui, oui. Et alors, la chemise complètement collée, pleine de sang, etc. Alors, ça les avait impressionnés. Alors, je me vois encore faire un effort. Alain que j’avais vu un peu tremblant, je lui dis : « tu sais c’est grave, c’est ennuyeux. Maintenant dis toi une chose, c’est que si l’un de vous parle, c’est moi qui me charge de l’étrangler. Je me charge de l’étrangler. » Alors tous mes types ont été parfaitement bien, personne n’a rien dit ! D. L. Est-ce que vous vous souvenez des noms de ceux qui vous ont torturé là-bas ? J. d’A. Oh non ! Et puis même, vous voulez que je vous dise une chose. Je n’ai plus beaucoup de mémoire mais je me suis appliqué à perdre la mémoire à ce moment-là parce que j’en avais des noms qui trottaient dans ma tête et que j’essayais d’oublier. J’allais omettre de vous raconter ce qui m’est arrivé tout à fait au début de notre arrestation. Ils m’ont amené dans une salle où ils interrogeaient, à côté du poste de garde de Furgole, de la prison Furgole. Ils étaient quatre ou cinq. Ils avaient trouvé un coffre-fort américain chez moi. Mon père l’avait acheté au surplus américain mais nous n’avions pas été foutus de l’ouvrir. Alors, ils m’ont demandé le secret de ce machin et les clefs. Ils m’avaient barboté les clés dans les poches. Je leur ai dit que je n’avais jamais été foutu d’ouvrir ce machin là. D. L. Ils ne l’ont pas cru ? J. d’A. Non, ils ne l’ont pas cru. Alors, ils ont commencé à me cogner dessus. Je leur ai dit : « ce n’est pas la peine de cogner, c’est idiot, faites le sauter, je vous en donne l’autorisation ». Ils se sont mis à cogner de plus belle. Ils étaient quatre ou cinq. Quatre étaient costauds. Je ne sais pas si vous vous êtes bagarré dans la vie ? Vous acceptez qu’un balèze vous foute des ramponneaux mais quand vous voyez parmi eux un type qui tient debout par miracle, alors ce type, je l’avais pris et l’avais balancé dans une porte. C’était fou. Vous vous rendez compte, un type qui était en liberté quelques jours avant et qui reçoit une pelée comme celle que l’on me flanquait sans rien dire, ça n’existe pas ! Je l’ai bousculé, je l’ai envoyé dans une porte et ce type, je l’ai revu tout de suite après, tout sanguinolent. Je me suis dit : « maintenant ton affaire est claire. C’est bon à savoir. Tu en as foutu un en l’air, il ne te reste plus qu’à foutre les autres en l’air ! ». Les types voyant que j’étais devenu complètement marteau, se sont réfugiés derrière le bureau qui était là et ding, ding, ils ont sonné. Deux types sont venus me cueillir par les épaules par derrière. Il vaut mieux ne pas enregistrer le reste. Ensuite on m’a amené. On m’a fait sortir dans la cour. J’avais vu qu’il y avait une tâche noire contre le mur. Je me suis dit : « c’est là que l’on va te fusiller ». Il y avait ce jour-là un beau soleil, un coin de ciel bleu, les feuilles frétillaient un peu. Il y avait aussi un tic nerveux qui révélait ma terreur de la mort. J’essayais de le camoufler. Je voulais mourir en, comment dirais-je, en beauté. Je me dépêchai de foncer vers le mur pour que mon tic n’apparaisse pas trop. À ce moment-là, on m’a flanqué des coups de pieds dans les ..., dans les chevilles, et on m’a ramené à la tour. Quand on a tourné les deux tours de clé, j’étais content. J’ai respiré un bon coup et j’étais content. L’après-midi, ils m’ont amené à la Gestapo. Là, on avait une menotte à l’endroit, une menotte à l’envers. On m’a fait mettre à genoux à côté du standard, sur les menottes. Et puis toute la journée, j’ai été obligé de subir les coups de pieds et les coups des types de la Gestapo qui entraient et qui sortaient de la rue Maignac. J’étais complètement dans les vapeurs à cause des coups :  dès que je tombais on me tenait de nouveau par les cheveux pour que les autres puissent aussi prendre une petite revanche. À un moment donné est entré, nous étions juste en face de la porte d’entrée, un monsieur que je connaissais parfaitement. Mais je n’étais plus foutu, tellement j’étais dans les vapeurs, de mettre un nom sur lui mais je savais qu’il était au courant de pas mal de mes secrets. Alors je le regardais méchamment en me disant, en voilà un qui est un type de la Gestapo, qui est en contact avec eux et à qui tu as fait confiance. Ça va être encore une chose. Et alors, ce type me regarde un long moment et puis ça n’a été qu’au bout d’un moment qu’il m’a fait un petit signe d’amitié. Il m’a reconnu à la fin. C’était l’intendant Danglade qui, sollicité par mes parents, était venu faire une intervention pour essayer de me tirer des griffes de la Gestapo. Il était revenu ensuite voir mes parents, il leur avait dit : « vous savez, j’ai essayé mais il n’y a rien à faire, il sera fusillé » Danglade était un bonhomme ! Qu’est-ce que je l’ai vu pleurer le jour où les Allemands ont occupé Toulouse ! J’ai vu Danglade pleurer ... (fr)
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  • 1991-01-15 (xsd:date)
prop-fr:dateDeNaissance
  • 1909-11-17 (xsd:date)
prop-fr:distinctions
  • chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1939-1945 avec palmes (fr)
  • chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de guerre 1939-1945 avec palmes (fr)
prop-fr:famille
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  • n (fr)
  • n (fr)
prop-fr:lieuDeDécès
  • Villefranche-de-Lauragais , tombe à Seyre (fr)
  • Villefranche-de-Lauragais , tombe à Seyre (fr)
prop-fr:lieuDeNaissance
  • Pau (fr)
  • Pau (fr)
prop-fr:nom
  • Jean d'Aligny (fr)
  • Jean d'Aligny (fr)
prop-fr:pseudonyme
  • Nano (fr)
  • Nano (fr)
prop-fr:texte
  • --05-13
  • --09-28
  • Un des représentants les plus connus de ce cette famille est Pierre Quarré d'Aligny qui a laissé des mémoires dont le livre a été édité en 2015. Ce manuscrit a été conservé par Jean d'Aligny à Esquiré puis il le confia à un beau-frère. Le fils de ce dernier, Étienne de Planchard de Cussac, qui a procédé à l'édition de l'ouvrage, écrit ce qui suit en postface : « Comment le manuscrit est-il arrivé en ma possession ? C’est une affaire de famille. Pendant l’Occupation, Jean d’Aligny, un des frères de ma mère, cachait Juifs et résistants dans sa propriété d’Esquiré à Fonsorbes. Craignant que ce manuscrit subisse un cruel sort si les Allemands venaient à perquisitionner la demeure, il le confia à mon père pour qu’il le mît en sécurité. Plus enclin à l’action qu’à la lecture de vieux papiers de famille, cet oncle ne vit pas la nécessité de le récupérer à son retour des camps de concentration »…. « Le manuscrit qui est maintenant entre mes mains est celui qui était jadis conservé au château familial de Jully, à Magnien, en Côte d’Or » (fr)
  • Rouart était un ami très proche d'André Gide. Selon Dominique Bona, Déodat d'Aligny était pour Rouart « l'exact contrepoint » d'André Gide : « un modèle de douceur et de patience, qui ne prodigue que de sages conseils », « un honnête associé, compagnon des débuts difficiles, un ami sûr et dévoué » que Gide ira jusqu'à appeler « Saint François des Plaines » par référence à la ferme des Plaines qu'ils exploitaient. (fr)
prop-fr:titre
  • Relation de son arrestation par Jean d'Aligny lors d'un entretien avec Daniel Latapie (fr)
  • Relation de son arrestation par Jean d'Aligny lors d'un entretien avec Daniel Latapie (fr)
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  • Jean Marie Joseph Louis Quarré de Château-Regnault d’Aligny (1909-1991), dit Jean d'Aligny, alias « Nano », comte d'Aligny, est un résistant français qui a agi dans différents réseaux de résistance : camouflage du matériel, Corps franc Pommiès, réseau SOE section F PRUNUS. Opérant depuis son château d'Esquiré, à Fonsorbes (Haute-Garonne), il est arrêté le 15 avril 1943 par la Gestapo, déporté à Buchenwald puis à Natzweiler-Struthof et libéré en mai 1945 au camp de Dachau.Même s'il déclare n'avoir joué qu'un rôle modeste dans la Résistance en Haute-Garonne, d'Aligny a été un appui local important d'acteurs de premier plan comme Émile Mollard, André Pommiès, Marcel Tailllandier et le S.O.E.. Les enregistrements sonores que Daniel Latapie, historien archiviste de la Résistance en Haute-Garonn (fr)
  • Jean Marie Joseph Louis Quarré de Château-Regnault d’Aligny (1909-1991), dit Jean d'Aligny, alias « Nano », comte d'Aligny, est un résistant français qui a agi dans différents réseaux de résistance : camouflage du matériel, Corps franc Pommiès, réseau SOE section F PRUNUS. Opérant depuis son château d'Esquiré, à Fonsorbes (Haute-Garonne), il est arrêté le 15 avril 1943 par la Gestapo, déporté à Buchenwald puis à Natzweiler-Struthof et libéré en mai 1945 au camp de Dachau.Même s'il déclare n'avoir joué qu'un rôle modeste dans la Résistance en Haute-Garonne, d'Aligny a été un appui local important d'acteurs de premier plan comme Émile Mollard, André Pommiès, Marcel Tailllandier et le S.O.E.. Les enregistrements sonores que Daniel Latapie, historien archiviste de la Résistance en Haute-Garonn (fr)
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