L'Influence de l'art grec hellénistique sur l'art de la Rome antique permet de juger de l'originalité de l'art romain. La question « y a-t-il un art romain ? » a un sens dès l'Antiquité et singulièrement à partir du IIe siècle av. J.-C., au moment où les légions romaines pénètrent en Grèce et dans les royaumes hellénistiques d'Asie mineure (en fait les territoires autrefois grecs de l'actuelle Turquie). Elle émerge à partir de la deuxième guerre punique et la prise des villes grecques d'Italie du Sud (prise de Syracuse en -212 par le consul M. Claudius Marcellus et sac de Tarente, en -209 par Fabius Cunctator). En -168, le consul Paul Émile vainc Persée de Macédoine à la bataille de Pydna; son triomphe, qui dure trois jours, fera défiler dans Rome un nombre considérable d'œuvres grecques.

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  • L'Influence de l'art grec hellénistique sur l'art de la Rome antique permet de juger de l'originalité de l'art romain. La question « y a-t-il un art romain ? » a un sens dès l'Antiquité et singulièrement à partir du IIe siècle av. J.-C., au moment où les légions romaines pénètrent en Grèce et dans les royaumes hellénistiques d'Asie mineure (en fait les territoires autrefois grecs de l'actuelle Turquie). Elle émerge à partir de la deuxième guerre punique et la prise des villes grecques d'Italie du Sud (prise de Syracuse en -212 par le consul M. Claudius Marcellus et sac de Tarente, en -209 par Fabius Cunctator). En -168, le consul Paul Émile vainc Persée de Macédoine à la bataille de Pydna; son triomphe, qui dure trois jours, fera défiler dans Rome un nombre considérable d'œuvres grecques. En 146 av. J.-C. le consul Lucius Mummius prend Corinthe et la met à sac. En 133 av. J.-C., le roi de Pergame Attale III lègue son riche royaume à Rome. Dans la Ville, l'art grec hellénistique est considéré avec mépris par la vieille aristocratie romaine conservatrice, d'autant plus qu'il rencontre la faveur, parfois sans nuance, de la plèbe. En témoigne la description des conséquences de la prise de Syracuse en -212 que dresse Plutarque. De même, en -184, Caton l'Ancien, dans ses discours transmis par Tite-Live, flétrit le philhellénisme ambiant et combat l'abrogation de lois somptuaires (loi Oppia). Toutefois, certaines familles, notamment les Scipions, vont faire évoluer le goût des élites. On peut dire qu'au Ier siècle av. J.-C., l'art grec hellénistique est enfin reçu par les classes dirigeantes de la société, non pas servilement, mais dans le souci de le concilier avec certains traits artistiques traditionnels. L'art romain va garder un contenu politique au sens où il exprime, à cette époque, les idéaux et les références de la nobilitas. Dans le régime républicain, qui à Rome est une oligarchie, tous veillent à ce qu'aucun n'acquiert une audience en dehors des institutions et du cadre familial. Toute initiative dans le domaine artistique doit soit se maintenir dans la sphère privée (c'est le cas de l'art du portrait), soit s'exercer dans le cadre public, mais en tout anonymat. Il est symptomatique qu'en -184 le censeur Caton l'Ancien puisse attacher le nom de sa gens à la Basilica Porcia qu'il fait construire sur le forum dans un but purement civique (et en n'imitant en rien le plan des stoa hellénistiques), tandis que Pompée, en 55 av. J.-C., doit user de l'alibi d'un petit temple à Vénus Vitrix, pour construire un bâtiment à vocation artistique, le premier théâtre en pierre de Rome, sans pouvoir y attacher son nom (qui n'apparaît pas sur la Forma Urbis). La fondation de l'Empire par Auguste, et l'émergence d'un pouvoir personnel, vont complètement changer cet état de chose à partir de 27 av. J.-C. Au Ier siècle, s'affirme alors une sorte de Querelle des Anciens et des Modernes. Les intellectuels, souvent issus de l'ancienne aristocratie, ou les homines novi, pressés de se réclamer des valeurs de cette dernière, vont proclamer la supériorité de l'art grec. Mais la visée est encore une fois conservatrice. L'art grec s'étant fait toute sa place à Rome, il s'agit de lutter contre les tendances novatrices qui se font jour dans les milieux artistiques romains, qui s'éloignent des modèles grecs classiques et hellénistiques et dont s'entichent un ordre en plein essor, les chevaliers romains, et une classe de nouveaux riches issus de l'affranchissement. L'idée selon laquelle l'art est réservé aux Grecs va évoluer après le Ier siècle. Sous Hadrien, les Romains sont décomplexés par rapport à leurs grands ancêtres. La villa d'Hadrien à Tivoli va afficher tous les styles, rappeler toutes les époques, citer tous les artistes présents dans l'empire. Il est devenu évident que l'art né sous l'influence de Rome synthétise, réinterprète, prolonge les formes conçues dans le monde grec. L'innovation y prend toute sa place. La figure d'Hérode Atticus, qui fait exécuter, par des artistes grecs (à deux pas de l'atelier de Phidias !), des statues cuirassées d'Hadrien et de Marc Aurèle (ce type de statue que Pline l'Ancien affirme être typiquement romaine) et des représentations d'autres membres de la famille impériale pour le nymphée qu'il fait élever à Olympie, est le symbole même de la création d'un art romain assumant à la fois son héritage et ses originalités. La question de l'existence et de la légitimité d'un art romain a définitivement trouvé sa solution. (fr)
  • L'Influence de l'art grec hellénistique sur l'art de la Rome antique permet de juger de l'originalité de l'art romain. La question « y a-t-il un art romain ? » a un sens dès l'Antiquité et singulièrement à partir du IIe siècle av. J.-C., au moment où les légions romaines pénètrent en Grèce et dans les royaumes hellénistiques d'Asie mineure (en fait les territoires autrefois grecs de l'actuelle Turquie). Elle émerge à partir de la deuxième guerre punique et la prise des villes grecques d'Italie du Sud (prise de Syracuse en -212 par le consul M. Claudius Marcellus et sac de Tarente, en -209 par Fabius Cunctator). En -168, le consul Paul Émile vainc Persée de Macédoine à la bataille de Pydna; son triomphe, qui dure trois jours, fera défiler dans Rome un nombre considérable d'œuvres grecques. En 146 av. J.-C. le consul Lucius Mummius prend Corinthe et la met à sac. En 133 av. J.-C., le roi de Pergame Attale III lègue son riche royaume à Rome. Dans la Ville, l'art grec hellénistique est considéré avec mépris par la vieille aristocratie romaine conservatrice, d'autant plus qu'il rencontre la faveur, parfois sans nuance, de la plèbe. En témoigne la description des conséquences de la prise de Syracuse en -212 que dresse Plutarque. De même, en -184, Caton l'Ancien, dans ses discours transmis par Tite-Live, flétrit le philhellénisme ambiant et combat l'abrogation de lois somptuaires (loi Oppia). Toutefois, certaines familles, notamment les Scipions, vont faire évoluer le goût des élites. On peut dire qu'au Ier siècle av. J.-C., l'art grec hellénistique est enfin reçu par les classes dirigeantes de la société, non pas servilement, mais dans le souci de le concilier avec certains traits artistiques traditionnels. L'art romain va garder un contenu politique au sens où il exprime, à cette époque, les idéaux et les références de la nobilitas. Dans le régime républicain, qui à Rome est une oligarchie, tous veillent à ce qu'aucun n'acquiert une audience en dehors des institutions et du cadre familial. Toute initiative dans le domaine artistique doit soit se maintenir dans la sphère privée (c'est le cas de l'art du portrait), soit s'exercer dans le cadre public, mais en tout anonymat. Il est symptomatique qu'en -184 le censeur Caton l'Ancien puisse attacher le nom de sa gens à la Basilica Porcia qu'il fait construire sur le forum dans un but purement civique (et en n'imitant en rien le plan des stoa hellénistiques), tandis que Pompée, en 55 av. J.-C., doit user de l'alibi d'un petit temple à Vénus Vitrix, pour construire un bâtiment à vocation artistique, le premier théâtre en pierre de Rome, sans pouvoir y attacher son nom (qui n'apparaît pas sur la Forma Urbis). La fondation de l'Empire par Auguste, et l'émergence d'un pouvoir personnel, vont complètement changer cet état de chose à partir de 27 av. J.-C. Au Ier siècle, s'affirme alors une sorte de Querelle des Anciens et des Modernes. Les intellectuels, souvent issus de l'ancienne aristocratie, ou les homines novi, pressés de se réclamer des valeurs de cette dernière, vont proclamer la supériorité de l'art grec. Mais la visée est encore une fois conservatrice. L'art grec s'étant fait toute sa place à Rome, il s'agit de lutter contre les tendances novatrices qui se font jour dans les milieux artistiques romains, qui s'éloignent des modèles grecs classiques et hellénistiques et dont s'entichent un ordre en plein essor, les chevaliers romains, et une classe de nouveaux riches issus de l'affranchissement. L'idée selon laquelle l'art est réservé aux Grecs va évoluer après le Ier siècle. Sous Hadrien, les Romains sont décomplexés par rapport à leurs grands ancêtres. La villa d'Hadrien à Tivoli va afficher tous les styles, rappeler toutes les époques, citer tous les artistes présents dans l'empire. Il est devenu évident que l'art né sous l'influence de Rome synthétise, réinterprète, prolonge les formes conçues dans le monde grec. L'innovation y prend toute sa place. La figure d'Hérode Atticus, qui fait exécuter, par des artistes grecs (à deux pas de l'atelier de Phidias !), des statues cuirassées d'Hadrien et de Marc Aurèle (ce type de statue que Pline l'Ancien affirme être typiquement romaine) et des représentations d'autres membres de la famille impériale pour le nymphée qu'il fait élever à Olympie, est le symbole même de la création d'un art romain assumant à la fois son héritage et ses originalités. La question de l'existence et de la légitimité d'un art romain a définitivement trouvé sa solution. (fr)
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  • L'Influence de l'art grec hellénistique sur l'art de la Rome antique permet de juger de l'originalité de l'art romain. La question « y a-t-il un art romain ? » a un sens dès l'Antiquité et singulièrement à partir du IIe siècle av. J.-C., au moment où les légions romaines pénètrent en Grèce et dans les royaumes hellénistiques d'Asie mineure (en fait les territoires autrefois grecs de l'actuelle Turquie). Elle émerge à partir de la deuxième guerre punique et la prise des villes grecques d'Italie du Sud (prise de Syracuse en -212 par le consul M. Claudius Marcellus et sac de Tarente, en -209 par Fabius Cunctator). En -168, le consul Paul Émile vainc Persée de Macédoine à la bataille de Pydna; son triomphe, qui dure trois jours, fera défiler dans Rome un nombre considérable d'œuvres grecques. (fr)
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