Plusieurs problèmes seront abordés par les auteurs arabo-musulmans : ceux de l’impact des recettes fiscales, puis du rôle des dépenses publiques et du déficit public. Dès le VIIIe siècle, Al-Muqaffa (720-756/757) dénonce l’oppression fiscale dont sont victimes les paysans. L’agriculture n’est peut-être pas une source de richesse comparable au commerce maritime, mais elle n’en demeure pas moins encore le principal fondement de l’économie en ce siècle. Il est donc vital que l’État préserve cette activité de toute atteinte nuisible au développement de sa production. Abou Yoûsouf, (en) (IXe-XIIe ?) et Miskawayh (932-1030) ne disent pas autre chose. Ce dernier décrit les multiples effets externes négatifs dus aux paysans qui abandonnent la terre et observe qu’avec la diminution du surplus agri

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  • Plusieurs problèmes seront abordés par les auteurs arabo-musulmans : ceux de l’impact des recettes fiscales, puis du rôle des dépenses publiques et du déficit public. Dès le VIIIe siècle, Al-Muqaffa (720-756/757) dénonce l’oppression fiscale dont sont victimes les paysans. L’agriculture n’est peut-être pas une source de richesse comparable au commerce maritime, mais elle n’en demeure pas moins encore le principal fondement de l’économie en ce siècle. Il est donc vital que l’État préserve cette activité de toute atteinte nuisible au développement de sa production. Abou Yoûsouf, (en) (IXe-XIIe ?) et Miskawayh (932-1030) ne disent pas autre chose. Ce dernier décrit les multiples effets externes négatifs dus aux paysans qui abandonnent la terre et observe qu’avec la diminution du surplus agricole, le produit de l’impôt déjà en baisse ne parvient même plus au pouvoir central. De même Al-Mawardi (974-1058) recommande de ne pas tuer la matière imposable. Ibrahim ibn Ya'qub (1059-1126) préconise la nécessité d’imposer chacun selon sa capacité contributive. Ibn Khaldûn (1332-1406) plaide également dans ce sens, tout en replaçant se observations au cœur d’un cycle des finances publiques. Le Trésor doit prendre en charge toutes sortes de travaux publics, dit Abu Yousuf. Mais son raisonnement va plus loin : jusqu'où peut-on développer ces travaux qui finalement accroissent les recettes fiscales ? Réponse : jusqu'à ce qu'ils génèrent des externalités négatives (en langage moderne) qui feraient baisser le kharâj (l’impôt foncier). Le bon emploi des recettes fiscales, c’est également le souci d’Al-Turtûshi qui préconise de procéder à des dépenses d’intérêt collectif : « Ce qui sera prélevé, sera dépensé de telle sorte que le bénéfice qui en sera retiré retombe sur les sujets eux-mêmes. » Que faire si le Trésor est dans la gêne ou quelque peu mal en fonds ? Plusieurs solutions existent dit Al-Mawardi y compris le déficit l’endettement public, suggérant ainsi un rejet de la charge du remboursement sur les générations futures. Contraint par les nécessités financières, Al-Mawardi présente une vision moderne des finances publiques, à deux doigts du principe du budget cyclique, c’est-à-dire de la recherche de l’équilibre budgétaire sur plusieurs années à défaut de le réaliser sur un an. Al-Ghazâlî (1058-1111) admet la possibilité d’un emprunt public sous deux conditions : que la situation le justifie, et que les ressources de l’État en permettent le remboursement ultérieur. Pour Ibn Khaldûn (1332-1406), l’augmentation des dépenses publiques accompagne la complexité croissante de l’État. Ibn Khaldûn fait des dépenses publiques un rouage important du circuit économique. Du fait du poids de ses dépenses, l’État apparaît comme un acteur prépondérant sur la scène économique et sociale : l’auteur met donc l’accent sur le rôle moteur de la demande de l’État dans le circuit économique. L’argent prélevé par l’impôt doit revenir, sous une forme ou une autre, dans le circuit économique, c’est-à-dire aux consommateurs afin d’entretenir la demande privée, et par suite la production. Si la redistribution est insuffisante, elle engendre un ralentissement de l’activité économique qui réduira à son tour les recettes fiscales. Chez Ibn Khaldûn, la notion de multiplicateur keynésien n’est pas très loin ! (fr)
  • Plusieurs problèmes seront abordés par les auteurs arabo-musulmans : ceux de l’impact des recettes fiscales, puis du rôle des dépenses publiques et du déficit public. Dès le VIIIe siècle, Al-Muqaffa (720-756/757) dénonce l’oppression fiscale dont sont victimes les paysans. L’agriculture n’est peut-être pas une source de richesse comparable au commerce maritime, mais elle n’en demeure pas moins encore le principal fondement de l’économie en ce siècle. Il est donc vital que l’État préserve cette activité de toute atteinte nuisible au développement de sa production. Abou Yoûsouf, (en) (IXe-XIIe ?) et Miskawayh (932-1030) ne disent pas autre chose. Ce dernier décrit les multiples effets externes négatifs dus aux paysans qui abandonnent la terre et observe qu’avec la diminution du surplus agricole, le produit de l’impôt déjà en baisse ne parvient même plus au pouvoir central. De même Al-Mawardi (974-1058) recommande de ne pas tuer la matière imposable. Ibrahim ibn Ya'qub (1059-1126) préconise la nécessité d’imposer chacun selon sa capacité contributive. Ibn Khaldûn (1332-1406) plaide également dans ce sens, tout en replaçant se observations au cœur d’un cycle des finances publiques. Le Trésor doit prendre en charge toutes sortes de travaux publics, dit Abu Yousuf. Mais son raisonnement va plus loin : jusqu'où peut-on développer ces travaux qui finalement accroissent les recettes fiscales ? Réponse : jusqu'à ce qu'ils génèrent des externalités négatives (en langage moderne) qui feraient baisser le kharâj (l’impôt foncier). Le bon emploi des recettes fiscales, c’est également le souci d’Al-Turtûshi qui préconise de procéder à des dépenses d’intérêt collectif : « Ce qui sera prélevé, sera dépensé de telle sorte que le bénéfice qui en sera retiré retombe sur les sujets eux-mêmes. » Que faire si le Trésor est dans la gêne ou quelque peu mal en fonds ? Plusieurs solutions existent dit Al-Mawardi y compris le déficit l’endettement public, suggérant ainsi un rejet de la charge du remboursement sur les générations futures. Contraint par les nécessités financières, Al-Mawardi présente une vision moderne des finances publiques, à deux doigts du principe du budget cyclique, c’est-à-dire de la recherche de l’équilibre budgétaire sur plusieurs années à défaut de le réaliser sur un an. Al-Ghazâlî (1058-1111) admet la possibilité d’un emprunt public sous deux conditions : que la situation le justifie, et que les ressources de l’État en permettent le remboursement ultérieur. Pour Ibn Khaldûn (1332-1406), l’augmentation des dépenses publiques accompagne la complexité croissante de l’État. Ibn Khaldûn fait des dépenses publiques un rouage important du circuit économique. Du fait du poids de ses dépenses, l’État apparaît comme un acteur prépondérant sur la scène économique et sociale : l’auteur met donc l’accent sur le rôle moteur de la demande de l’État dans le circuit économique. L’argent prélevé par l’impôt doit revenir, sous une forme ou une autre, dans le circuit économique, c’est-à-dire aux consommateurs afin d’entretenir la demande privée, et par suite la production. Si la redistribution est insuffisante, elle engendre un ralentissement de l’activité économique qui réduira à son tour les recettes fiscales. Chez Ibn Khaldûn, la notion de multiplicateur keynésien n’est pas très loin ! (fr)
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  • Plusieurs problèmes seront abordés par les auteurs arabo-musulmans : ceux de l’impact des recettes fiscales, puis du rôle des dépenses publiques et du déficit public. Dès le VIIIe siècle, Al-Muqaffa (720-756/757) dénonce l’oppression fiscale dont sont victimes les paysans. L’agriculture n’est peut-être pas une source de richesse comparable au commerce maritime, mais elle n’en demeure pas moins encore le principal fondement de l’économie en ce siècle. Il est donc vital que l’État préserve cette activité de toute atteinte nuisible au développement de sa production. Abou Yoûsouf, (en) (IXe-XIIe ?) et Miskawayh (932-1030) ne disent pas autre chose. Ce dernier décrit les multiples effets externes négatifs dus aux paysans qui abandonnent la terre et observe qu’avec la diminution du surplus agri (fr)
  • Plusieurs problèmes seront abordés par les auteurs arabo-musulmans : ceux de l’impact des recettes fiscales, puis du rôle des dépenses publiques et du déficit public. Dès le VIIIe siècle, Al-Muqaffa (720-756/757) dénonce l’oppression fiscale dont sont victimes les paysans. L’agriculture n’est peut-être pas une source de richesse comparable au commerce maritime, mais elle n’en demeure pas moins encore le principal fondement de l’économie en ce siècle. Il est donc vital que l’État préserve cette activité de toute atteinte nuisible au développement de sa production. Abou Yoûsouf, (en) (IXe-XIIe ?) et Miskawayh (932-1030) ne disent pas autre chose. Ce dernier décrit les multiples effets externes négatifs dus aux paysans qui abandonnent la terre et observe qu’avec la diminution du surplus agri (fr)
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  • Histoire de la pensée économique dans l'Islam médiéval (fr)
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