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| - L’Envers de l’histoire contemporaine est un roman d’Honoré de Balzac, paru en 1848. Il entre dans les Scènes de la vie parisienne de La Comédie humaine et raconte la destinée d'un certain « Godefroid » (sans rapport avec Godefroid de Beaudenord) qui abandonne une vie de débauche pour rejoindre le chemin de vertu d'une société secrète, les Frères de la Consolation, qui se réunissent chez la baronne de La Chanterie afin de manigancer pour le bonheur des autres et ce, avec une charité sans faille au point de faire sauver la fille du bourreau de leur bienfaitrice. On a peu de certitude sur l’historique de la publication de cet ouvrage qui, en lui seul, résume tout le travail secret de l’écrivain, sa manière de composer des intrigues à tiroirs dans lesquels il laisse parfois trace d’un message. Lorsqu’il termine ce roman, Balzac ne sait pas que ce sera le dernier. Sa santé est déjà chancelante. Les suivants resteront inachevés. On comprend mieux, en sachant cela, le choix du sujet : une société secrète à but charitable. Le choix du lieu aussi : un quartier désert non loin de la cathédrale Notre-Dame de Paris. « La mythologie balzacienne, directement héritée du roman noir, veut que la force règne par le mystère et que tout vrai pouvoir soit occulte. » Ici, il s’agit d’un pouvoir occulte charitable : les Frères de la Consolation, qui se protègent par le secret et dont les membres de l’ordre mènent une vie de religieux, modeste, sans exigence. Cette association est exactement l’envers des Treize, de l'Histoire des Treize. Lorsqu’il parle de son roman, Balzac indique qu’il prépare une sorte d’opposition à Splendeurs et misères des courtisanes, où la débauche régnait en maîtresse absolue ; il affirmait que, dans ce roman, il voulait « appliquer au bien la même idée qu’au mal ». Le besoin de vertu, de bienfaisance, de religion en plein cœur d’une capitale corrompue est comme le dernier vœu d’un écrivain qui s’est épuisé à décrire toutes les facettes du monde, des meilleures au pires, et qui va laisser derrière lui une œuvre gigantesque, inspiratrice de nombreux écrivains. Balzac bouclait sans le savoir une structure qui allait faire date dans l’histoire de la littérature : l’idée de « cycle romanesque » dont s’inspireront, entre autres, Émile Zola et Marcel Proust. (fr)
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